En France, les mois passent et l’ambiance est de plus en lourde de dangers. Dans les sondages pour la présidentielle de 2022, l’extrême droite est à 30 % et la droite traditionaliste aux alentours de 17 %.
Pour l’instant l’entrée dans la présidentielle de Zemmour a freiné la dynamique qu’avait Le Pen depuis la dernière présidentielle. Celle-ci est pour l’instant écartée de la possibilité d’accéder au deuxième tour contre Macron. Mais ses idées et celles de Zemmour se cumulent hélas. Le millionnaire touche une frange très radicalisée et très bourgeoise. Les idées et les thèmes qui lui sont chers se diffusent dans la société à la vitesse du variant Omicron. Le grand remplacement, l’immigration sauvage, l’islamisation, l’insécurité, la réhabilitation de Pétain, la haine des femmes et des
LGBTIQ+… ne sont plus réservés aux petits cercles d’extrême droite les plus radicaux et deviennent des notions soumises à débats grâce à la droite extrême de Pécresse, ainsi que par certains macronistes. Les idées de l’extrême droite ont capturé le débat public et
embourbent l’ensemble des médias.
Même des candidats de gauche comme Mélenchon ou Roussel relayent régulièrement des polémiques lancées par Valeurs actuelles.
L’évolution des positions de la bourgeoisie
Profitant de la crise économique, sanitaire et écologique, la bourgeoisie a pour l’instant soutenu Macron pour satisfaire ses intérêts au détriment des intérêts de la population et de la planète. La mise en place du pass sanitaire et désormais du pass vaccinal concourt à l’habitude d’un flicage généralisé mâtiné d’une répression de la moindre contestation sociale.
Un élément inquiétant est qu’une frange des capitalistes comme Bolloré, 15e fortune de France, met à leur disposition des moyens financiers et surtout médiatiques. Ce soutien décomplexé à l’extrême droite se retrouve dans de nombreux médias : des chaînes de télé (C8 et Cnews), un journal (le Journal du dimanche), une radio (Europe 1). Aucun parti ne bénéficie d’une telle bienveillance : des canaux de diffusion, accordés par l’État, servent désormais de relais aux idées de l’extrême droite…
Se sentant libérés par ce déferlement d’idées racistes, réactionnaires et conservatrices, la frange la plus ultra de l’extrême droite multiplie les agressions contre les militants et les locaux d’associations et partis de gauche. Et dans un no limit généralisé, des militants fascistes, des youtubers masculinistes et des influenceuses antiféministes mettent en scène des exécutions de juifs, de communistes, de musulmans, d’antifas… et jettent les images sur les réseaux sociaux comme autant d’appels au meurtre, dans l’impunité la plus totale. Comme Zemmour, plaidant « l’humour » quand il a visé des journalistes avec une arme de guerre au salon Milipol, les nazillons plaident aussi pour de bonnes blagues mal comprises par les « wokes », « islamo-gauchistes » ou les féministes. Nous comprenons très bien au contraire que votre envie de violence, de meurtres et d’extermination ne trouvera son apaisement que dans une guerre civile. « Demain s’il y a une guerre civile en France, on la gagne » tweetait Marion Maréchal en mai 2021.
Des outils pour combattre
Pour l’instant, il n’y a que « la possibilité du fascisme » selon la formule d’Ugo Palheta et rien n’est encore écrit. Mais il suffit de se rappeler de la tribune, publiée dans Valeurs actuelles, de militaires à la retraite appelant les forces armées à l’action, pour comprendre que le fascisme ne met de côté aucune solution à sa prise du pouvoir.
Le sujet doit être au cœur de nos préoccupations et de la campagne de la prochaine présidentielle.
Dès lors, il nous a semblé que c’était une évidence de réaliser cette revue autour du thème de l’antifascisme et d’examiner différentes luttes qui ont été menées par le passé.
Nous avons sélectionné à divers moments du 20e siècle des grandes luttes antifascistes qui ont marqué l’histoire politique en France et à l’étranger pour susciter l’espoir et redonner confiance à notre camp.
Vous trouverez, dans ce numéro, de l’action, en suivant la contre-manifestation contre la tentative de coup d’État du 6 février 1934 ; de l’inventivité avec les épiciers-trotskistes qui sauvaient des juifs et des résistants ; de la drôlerie avec le faux numéro du journal le Soir en Belgique ; de la fraternité avec le comité de soldats dans l’armée allemande à Brest en 1943 ; de la détermination dans l’attaque du meeting d’Ordre nouveau en 1973 ; de la hardiesse avec les pèlerinages d’El Padre en Argentine en 1976 ; de la malice avec la banderole de Ras l’front en plein meeting de Le Pen père en 1995 ou de l’inventivité avec les actions numériques des Sleeping Giants de nos jours.
Que ces milles et une façons de combattre la bête immonde inspirent tous les antifascistes !