Publié le Vendredi 28 septembre 2012 à 10h30.

Du « bougisme » de Valls… aux renoncements de François Hollande

Crédité de la meilleure cote de popularité auprès des Français parmi les membres du gouvernement dont le président de la République lui-même, Manuel Valls est sans conteste le grand chouchou des médias, et tout particulièrement de ceux qui soutenaient Sarkozy et l’ex majorité (Figaro, Le Point, RMC etc.). Alors qu’il est communément reproché au nouveau président « normal » son manque de communication, le ministre de l’Intérieur joue lui, aujourd’hui, une partition empruntée à l’ancien hôte de l’Élysée.

Atteint sans doute d’amnésie, il en oublie les propos qu’il tenait, il y a peu, à l’encontre du sarkozysme : « c’est d’abord du bougisme. On tire sur tout ce qui bouge, il n’y a pas de hiérarchie dans les priorités, il n’y a pas de cap… On désigne des populations à la vindicte, on crée une immense confusion, une nouvelle fois, le président de la République, son gouvernement et sa majorité jettent les Français les uns contre les autres, c’est insupportable. [...] On est en train, une nouvelle fois, de réveiller cette peur qui existe et qui est ancestrale à l’égard des gens du voyage, c’est tout à fait insupportable » (cf. archives de Mediapart). Cet été, la multiplication de démantèlements de camps de Roms, et les expulsions qui s’en suivirent, n’auront été que le premier acte de la politique sécuritaire et répressive que le gouvernement socialiste a décidé de mettre en place. Dès la rentrée, notre bouillant premier flic de France a trouvé une nouvelle occasion de s’illustrer dans les médias sur un thème cher à la droite et l’extrême droite : la lutte contre « l’islam radical ». L’indignation qu’a suscitée dans le monde arabe la récente diffusion d’une lamentable vidéo islamophobe sur le réseau internet allait lui donner le prétexte à interdire toute manifestation de protestation contre cette provocation.Mais c’est sur le terrain parlementaire lui-même que la politique répressive et liberticide de Manuel Valls et du gouvernement auquel il appartient est la plus choquante. Les renoncements sont les plus édifiants: « Je lutterai contre le délit de faciès dans les contrôles d’identité par une procédure respectueuse des citoyens » (promesse de François Hollande). La promesse d’une loi garantissant un minimum le droit des personnes victimes du harcèlement policier par les contrôles systématiques au faciès est repoussée aux calandres grecques, sinon jetée aux oubliettes. Encore une fois, c’est Manuel Valls, toujours attentif aux états d’âme de sa police, qui est monté au créneau médiatique.« J’accorderai le droit de vote aux étrangers résidant légalement en France » (promesse de François Hollande). La probable capitulation en rase campagne du gouvernement sur cette promesse, hautement symbolique, de François Hollande, sous les pressions de la droite, de l’extrême droite et d’une partie de la gauche est à l’origine d’une pétition signée par 75 députés socialistes. Encore une fois, Manuel Valls entend jouer sa partition en s’exprimant avec force contre celles et ceux qui entendent voir respecter les engagements pris par le candidat Hollande.Les anticapitalistes s’opposeront par tous les moyens à cette politique répressive et liberticide.Alain Pojolat