Chaque mois de septembre, la même question revient dans les grands médias… et dans les milieux militants : la « rentrée sociale » sera-t-elle agitée ? Une chose est certaine : nous l’espérons, et entendons y contribuer.
Le moins que l’on puisse dire, sans toutefois prétendre faire de pronostics, est que le contexte global est propice à une contestation populaire du gouvernement et de ses politiques. À nous ne saisir les opportunités, les occasions, et de tout faire pour que le « troisième tour social », après la présidentielle et les législatives, ait bien lieu, et se solde par une défaite de Macron.
Un gouvernement incapable de répondre aux enjeux sociaux
L’été a été marqué par une poursuite de l’inflation, avec en perspective une accélération de l’augmentation des prix de l’énergie, entre autres et notamment l’électricité et le gaz, le maintien d’un prix très élevé pour les carburants, et une flambée des prix de l’alimentation. Et ce ne sont pas les mesurettes adoptées à l’Assemblée cet été qui changeront quoi que ce soit au fait que le coût de la vie monte en flèche, les prix augmentant beaucoup plus vite que les salaires et les revenus. La population ne s’y trompe pas : dans une enquête d’opinion réalisée mi août par l’institut Viavoice pour Libération, 73 % des sondéEs affirment que le « pouvoir d’achat » doit être la priorité du gouvernement, avec seulement 5 % d’entre elles et eux qui considèrent que « le gouvernement prend la réelle mesure des difficultés économiques des Français ».
Durant l’été, l’augmentation du coût de la vie et l’incapacité du gouvernement à y faire face se sont en outre doublées d’une multiplication des événements climatiques extrêmes (sécheresses, canicules, incendies, violents orages), qui ont non seulement mis à l’agenda, d’une façon probablement inédite, la question de l’urgence climatique, mais qui ont en outre illustré à quel point l’abandon des services publics (Office national des forêts, Météo France, premiers secours…) réduisait notre capacité à faire face, collectivement, aux crises qui s’accélèrent.
Les raisons de la colère sont là
C’est dans ce contexte global que s’effectue la rentrée politique et sociale, avec un pouvoir contesté et qui s’inquiète d’une potentielle explosion sociale. Le souvenir des Gilets jaunes est bien là, et force est de constater que, tant du point de vue de la relégation sociale que de la vie chère, une grande partie des éléments qui avaient conduit au lancement de la mobilisation en novembre 2018 sont réunis, à une échelle potentiellement supérieure. S’ajoutent en outre aux éléments déjà cités la poursuite et l’accélération de la dégradation des services publics, notamment dans la santé et dans l’éducation, qui témoignent du délabrement généralisé auquel conduisent les politiques néolibérales.
Alors oui, les raisons de la colère sont bien là, a fortiori quand dans le même temps les pouvoirs publics témoignent de leur « deux poids deux mesures » lorsqu’il s’agit de demander de faire des « efforts » : on nous répète ainsi qu’il va falloir faire des sacrifices, qu’il va falloir travailler plus longtemps, qu’il va falloir accepter d’être mal payés, quand dans le même temps on refuse de taxer les profits des plus grandes entreprises ou de s’en prendre au mode de vie écocide des plus riches, qui accélèrent la destruction de la planète avec leurs jets privés et leurs loisirs qui pillent les ressources communes, à commencer par l’eau.
Un plan de bataille pour stopper Macron
Le gouvernement fait mine de prendre au sérieux la situation. Mais nous ne sommes pas dupes d’un pouvoir qui a démontré que son obsession était de continuer à faire tourner la machine capitaliste, quitte à détruire nos conditions de vie et ce qui reste de solidarités collectives, tout en ménageant les plus riches et les grands groupes capitalistes, voire en les arrosant de cadeaux. Un pouvoir qui ne comprend qu’un seul langage, celui du rapport de forces, comme l’avait montré son affolement face au mouvement des Gilets jaunes.
À ce titre, nous nous félicitons de l’appel à la grève le 29 septembre, initié par la CGT et Solidaires, depuis rejoints par la FSU. Une date qui pourrait être, dans la foulée de la journée des salariéEs de la santé le 22, l’occasion d’une mobilisation massive, mais qui reste à préparer, dans nos quartiers, nos lieux de travail et d’études. Une étape dans la construction d’une mobilisation de masse contre Macron et ses politiques antisociales, qui pourrait contribuer à changer l’ambiance et à redonner confiance à notre camp. De même, la perspective, à l’initiative de La France insoumise, d’une marche contre la vie chère en octobre, est une bonne nouvelle : si elle est préparée dans l’unité, articulée avec la grève du 29 septembre, et pensée comme une étape dans la construction d’une mobilisation populaire d’ampleur et pas comme une simple démonstration de force pour venir en appui aux députéEs de la Nupes, elle peut être un point d’appui dans l’organisation de la bataille contre Macron et ses politiques.
La rentrée pourrait donc être explosive si l’ensemble de la gauche sociale et politique prend ses responsabilités et si elle est attentive aux mobilisations qui pourraient surgir ici ou là sur des problématiques spécifiques et/ou dans des secteurs peu liés au mouvement ouvrier organisé. C’est en tout cas ce à quoi le NPA entend contribuer, tout en continuant d’avancer, dans le débat public, la perspective de la nécessaire reconstruction des outils d’organisation et de défense de notre classe, y compris sur le terrain politique, pour faire face à la menace de l’extrême droite et pour faire vivre un horizon politique de rupture, en posant la question d’une nouvelle organisation sociale, d’une transformation révolutionnaire de la société.