Publié le Jeudi 19 avril 2018 à 08h38.

Étendre et faire converger les luttes, c’est possible, nécessaire, maintenant

Macron a passé beaucoup de temps à se mettre en scène la semaine dernière... On a eu le droit au Macron des villes et au Macron des champs, à la maternelle ou à la tour Eiffel, mais en tout cas assumant la totalité de sa politique antisociale, répressive et guerrière.

Provocateur avec les étudiantEs qui n’auront pas de « diplômes en chocolat », faussement compréhensif avec les cheminotEs dont il trouve « l’inquiétude légitime », martial à l’encontre des zadistes de Notre-Dame-des-Landes, et apprenti maître du monde au côté de Trump avec lequel il a décidé de larguer des bombes en Syrie, le « président des patrons » cherche un second souffle auprès de l’opinion la plus réactionnaire. Mais ses opérations de communication, tellement léchées qu’elles en deviennent ridicules, et sa fuite en avant autoritaire, prouvent que la fébrilité commence à s’emparer du pouvoir face à l’ambiance de contestation générale qui se ­renforce au fil des semaines. 

Macron provoque, mais il tremble 

Dans les universités, plus les flics interviennent violemment, plus les étudiantEs font preuve de solidarité et plus les assemblées générales et les manifestations grossissent ! C’est le cas à Nanterre, à Paris 1, à Paris 8, à Rennes, à Metz, à Lyon… notamment depuis la semaine dernière (voir dossier en pages 6-7). Dans ces universités, la grève s’est étendue et le report ou l’annulation des partiels sont désormais à l’ordre du jour des actions ou des discussions en AG. Un mouvement national étudiant est en train de voir le jour.

La répression et la violence touchent aussi les zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui, après avoir gagné l’annulation d’un aéroport inutile et nuisible pour l’environnement, souhaitent rester sur place pour continuer à travailler la terre et à expérimenter un mode de vie alternatif à celui du capitalisme. Inacceptable pour le gouvernement. Mais quoi qu’il en dise, il ne parvient pas à mettre fin à cette occupation déterminée (voir article page ci-contre). 

Détermination dans les luttes

D’ailleurs, des victoires sont possibles contre la répression : dans les Hauts-de-Seine, le tribunal de grande instance a ainsi débouté La Poste qui voulait interdire l’accès à ses bureaux à Gaël Quirante, militant syndicaliste dont elle a voulu se débarrasser en le licenciant avec l’aval de la ministre du Travail Pénicaud. Alors que les postierEs de plusieurs bureaux du 92 sont en grève reconductible depuis le 26 mars, pour la réintégration de leur camarade et pour leurs conditions de travail, cette victoire en justice montre que la détermination et la lutte commencent à payer ! Plusieurs départements sont touchés par des mouvements de grèves longs et déterminés à la Poste (le 33, le 35) ou que d’autres commencent à l’être (le 13) : ainsi se dessine la possibilité d’un mouvement à l’échelle nationale dans ce secteur. En tout cas, c’est ce que défendent les équipes militantes les plus mobilisées, car elles sont persuadées que c’est à cette condition que les salariéEs pourront gagner sur l’ensemble de leurs revendications. 

Du côté des cheminotEs, s’ils et elles continuent à faire grève massivement lors des deux jours hebdomadaires programmés par les directions syndicales du secteur, il a été décidé dans plusieurs assemblées de gares parisiennes (Paris Nord, Paris Saint-Lazare, Austerlitz) de poursuivre la grève en continu. La stratégie de « la grève loto » est ainsi remise en cause par celles et ceux qui sont déterminés à aller vers un mouvement d’ensemble. Il est désormais important de regrouper localement, régionalement, voire nationalement les grévistes qui défendent cette orientation avec des AG inter-gares, des coordinations de salariéEs des secteurs en grève, bref, de faire des pas concrets vers la convergence des luttes, comme ce qu’il s’est passé samedi 14 avril à la gare Saint-Lazare. 

Étendre les grèves et les faire converger 

Cette conscience qu’il faut aller vers le « touTEs ensemble » pour infliger une défaite au gouvernement et faire ravaler un tant soit peu leur morgue aux riches et aux patrons commence à se frayer un chemin dans les têtes. Il faut désormais bousculer le calendrier défini par les directions syndicales. C’est le moment d’y aller ! Il y a suffisamment de colère accumulée au sein du monde du travail et de la jeunesse. Si les Air France, les Carrefour, les Ford, les hospitalierEs, les cheminotEs, les fonctionnaires, les éboueurEs, les postierEs, les étudiantEs mesurent la force collective qu’ils représentent et la peur qu’ils et elles peuvent inspirer, s’ils et elles s’unissent et rentrent, une bonne fois pour toutes, ensemble dans la bagarre, c’est ainsi que pourra émerger un avril-mai 2018 aux allures de grève générale. Si chacune des luttes en cours s’étend et que d’autres secteurs du monde du travail s’y joignent, nous rendrons le pays ingouvernable et nous obtiendrons satisfaction !

Marie-Hélène Duverger