Publié le Mercredi 17 mai 2023 à 09h00.

Face à Macron et son monde, rester mobiliséEs !

Sommet « Choose France », intervention de Macron sur TF1, déclarations et annonces tous azimuts du président et des ministres : le pouvoir essaie de reprendre la main et de « tourner la page » des retraites. Mais la colère est toujours là, l’instabilité politique aussi, et nous devons conserver notre objectif de leur infliger une défaite par nos mobilisations.

Macron, pseudo-roi de la communication, a donc choisi de recevoir à l’Élysée, le lundi 15 mai, Elon Musk. Une rencontre savamment mise en scène et particulièrement riche en symboles, quelques heures avant l’intervention télévisée du président sur TF1. Elon Musk, multi-milliardaire adepte du management toxique et brutal, des opérations boursières douteuses, de l’optimisation fiscale, des grands projets coûteux et inutiles, défenseur de la « liberté de parole » de Donald Trump, s’est ainsi retrouvé érigé en symbole des « capitaines d’industrie » auxquels Macron veut « tendre la main ». Quelques heures plus tard, Musk continuait d’être accueilli comme un chef d’État, invité à déjeuner à la table d’honneur du ministre de l’Économie Bruno Le Maire à Versailles à l’occasion du sommet « Choose France ».

Circulez, y’a rien à voir ?

« Nous avons tant à faire ensemble », a déclaré Macron à propos de Musk. Voilà qui a de quoi nous inquiéter quant aux projets du président de la « start-up nation ». Alors que la contre-réforme des retraites a suscité une mobilisation historique, que le président et son gouvernement sont ultra-minoritaires dans l’opinion, que ses déplacements et ceux de ses ministres continuent d’être perturbés malgré des déploiements policiers sans précédent, Macron fait comme si de rien n’était, continue d’étaler des bilans dégoulinants d’auto-satisfaction et de mépris, et affirme non seulement qu’il ne va pas modifier son cap mais qu’il entend accélérer ses politiques.

Son intervention au 20h de TF1 a ainsi été l’occasion de nouvelles provocations, et d’annonces plus ou moins floues qui montrent que le pouvoir n’entend pas changer de logiciel : avec deux milliards de baisses d’impôts annoncées, Macron continue d’entretenir l’idée selon laquelle « les Français paient trop d’impôts » alors qu’il n’a eu de cesse d’alléger la fiscalité des plus riches et des grandes entreprises ; en évoquant le fumeux « partage de la valeur », Macron contourne toute discussion sur l’augmentation des salaires, se concentrant sur la « participation » et « l’intéressement » ; et bien évidemment, pas un mot sur les conséquences que ces « économies » vont avoir sur la dépense publique, et donc notamment les services publics. En gros : circulez, y’a rien à voir, et malgré la contestation qui se poursuit, nous ne changerons rien, car nous savons ce qui est bon pour vous.

L’instabilité est toujours là

Mais derrière cette belle assurance, on sent tout de même pointer une certaine fébrilité, entre autres autour du flou de certaines annonces qui ressemblent davantage à des postures qu’à des réponses à une situation de crise économique, sociale et politique, qui dure. Le mépris exprimé par Macron à l’égard de ses opposants s’est en outre accompagné de déclarations hypocrites à l’égard des syndicats, reçus mardi et mercredi à Matignon. Enfin, les déplacements de Macron et de ses ministres se sont considérablement ralentis sous la pression des comités d’accueil et autres casserolades, qui donnent à voir la faible légitimité et l’impopularité du gouvernement.

Nous ne sommes évidemment plus au mois de mars, avec un niveau de contestation sociale, grèves et manifestations, historiquement élevé. Mais cela ne signifie pas que le pouvoir a remporté la bataille, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la minorité présidentielle est en train d’explorer les possibilités constitutionnelles pour empêcher qu’il y ait un vote, le 8 juin, sur l’abrogation de la loi modifiant l’âge de départ à la retraite. L’instabilité perdure, la colère est toujours là, et le gouvernement, au-delà de ses discours, sait que ses marges de manœuvre sont particulièrement réduites, entre autres pour faire passer ses futurs projets de régression sociale.

La journée de mobilisation du 6 juin peut être un nouveau rendez-vous massif, pour non seulement faire entendre la colère mais aussi donner un nouvel élan à la contestation sociale et politique. Nous devons tout faire pour qu’elle soit une réussite, ce qui signifie aussi organiser des rendez-vous intermédiaires, avec des actions, des réunions publiques, des comités d’accueil pour les macronistes. On ne lâchera pas l’affaire, la partie n’est pas terminée : pour nos retraites, pour nos salaires, pour nos services publics, en finir avec Macron et son monde reste l’objectif !