Publié le Mercredi 12 janvier 2022 à 07h37.

Face à un gouvernement qui joue avec nos vies, faire entendre et regrouper nos colères

Macron désire « emmerder » des non-vaccinés qu’il se permet même de déchoir de leur citoyenneté car jugés irresponsables. Ces propos d’une grande violence et d’une nouvelle gravité révèlent l’approfondissement d’une pratique et d’une orientation politique entamée en 2017, faite de mépris, de provocations, d’insultes et de la recherche de boucs émissaires afin de masquer les désastres d’une œuvre au service exclusif des ultra-riches.

Certes, les plusieurs millions de personnes non vaccinéEs représentent un enjeu sanitaire et leur résistance matérialise de lourdes questions politiques, sociales et idéologiques, certains incarnant même un courant antivax militant qui se dissémine pernicieusement dans de larges couches de la population. Mais d’abord, puisque les vaccins ne protègent pas totalement contre la simple contamination, en particulier face au variant Omicron, la vaccination des derniers réticents ne changerait pas radicalement la situation sur un plan strictement sanitaire. Mais surtout, une couverture vaccinale totale ne pourrait être atteinte que par une politique faite de conviction, de confiance, de transparence, de mobilisation populaire, de planification économique et de services publics bien dotés et implantés au plus près du terrain et des difficultés qui rendent la vaccination parfois difficile. À l’échelle internationale, la levée des brevets doit permettre de vacciner les habitantEs des pays pauvres afin de les protéger, d’éviter l’émergence de nouveaux variants et tendre à la maîtrise puis à l’extinction progressive de cette pandémie.

Contre leurs « paris », nos mobilisations

La stratégie du pouvoir est très claire depuis deux ans : maintenir les profits, sacrifier nos vies. Mais autre chose est de la mettre en œuvre, de la faire accepter voire de la justifier. Rendre les non-vaccinés coupables de la situation pandémique actuelle est donc une fake news d’ampleur visant à masquer une politique tactiquement confuse, improvisée et inconséquente. À ce titre, la gestion calamiteuse dans l’Éducation nationale est un... cas d’école ! Depuis le printemps 2020, rien n’aura été épargné aux élèves, parents et enseignantEs, à travers des protocoles douteux voire inapplicables et nocifs, déterminés en toute opacité et modifiés en permanence dans le seul but non pas de diminuer la circulation du virus mais de la masquer. Cassez le thermomètre et la maladie s’évanouira ! Vouloir limiter au maximum la fermeture des classes est une juste politique. Mais elle devrait passer par des embauches d’enseignantEs pour diviser les classes, l’achat de purificateurs d’air, la détermination démocratique de protocoles utiles et mesurés (gestes barrières, tests, etc). Autant de mesures parfaitement contradictoires avec l’agenda réactionnaire et néolibéral de Blanquer !

Dans un contexte de ras-le-bol et d’épuisement généralisé de la population en cette rentrée scolaire ubuesque, il n’est donc pas étonnant qu’une journée de mobilisation se soit très rapidement imposée... dans l’Éducation nationale. Après les mobilisations dans la santé le 11 janvier, le jeudi 13, une très grande partie des enseignants seront en grève, rejoints par les directeurs d’école et même les inspecteurs. Certaines fédérations de parents d’élèves appellent d’ailleurs à se joindre au mouvement. Cette journée doit être un point d’appui pour exprimer la colère de masse qui couve. La journée de mobilisation intersyndicale et interprofessionnelle du 27 janvier sera une nouvelle étape de l’expression de notre refus des politiques ultra-libérales, autoritaires et anti-sanitaires de Macron et de sa clique.

Trop tard pour être modérés

Dans le cadre de la campagne présidentielle, il s’agit en outre de prendre au sérieux le président-candidat Macron qui, avec ses coups de menton, sa priorité accordée à la « reprise » et à la « croissance » économiques et son refus absolu de faire une entorse aux « règles » du néolibéralisme, donne des garanties à sa classe et à son électorat. Ce que certains voient comme de simples provocations est en réalité une politique à part entière, brutale, arrogante et autoritaire, qui nous donne une idée de ce que pourrait être un second quinquennat de Macron. L’heure est donc non seulement à la mobilisation, mais aussi à exprimer la radicalité sur le plan politique.

C’est ce que nous entendons faire entendre, dans les luttes comme dans le cadre de l’élection présidentielle avec la candidature de Philippe Poutou, en répétant que dans cette société capitaliste, les choix économiques sont dictés par la recherche des profits pour un petit nombre, sur le dos de l’immense majorité. Macron, la droite et l’extrême droite nous proposent toujours plus de concurrence, d’individualisme, de guerre de chacunE contre chacunE, tandis que la « gauche » institutionnelle continue, malgré ses faillites passées, de nous chanter les louanges du capitalisme à visage humain. Face aux crises sociale, sanitaire, environnementale, démocratique, la modération ne peut être de mise, et c’est bien tout un système et son personnel politique qu’il s’agit de contester.