Publié le Mardi 2 janvier 2018 à 22h06.

Faisons de 2018 une année de luttes !

2017 fut incontestablement l’année Macron, comme représentant d’un pouvoir bourgeois renouvelé et déterminé. Mais les luttes nous montrent cependant une partie de la voie à suivre pour renverser la vapeur.

Le personnage est parfois à la limite du ridicule. Sa copie, lors de ses vœux 2018, du « demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays » de Kennedy est d’une prétention pathétique. Cependant, l’arrogance de Macron est le symbole d’un renouvellement réussi (momentanément, espérons-le) du personnel politique de la bourgeoisie. Macron et LREM ont permis le retour au pouvoir, au détriment de tous les concurrents politiques, d’une droite radicale, « décomplexée », déterminée à faire marcher au pas le pays. Il s’agit, on ne le répétera jamais assez, de bouleverser la France, de lui faire rattraper son retard sur les autres pays européens sur le plan des attaques libérales et liberticides. Le pari est pour l’instant tenu : les lois travail, sur l’immigration et sur la « sécurité » sont de l’avis de tous les observateurs internationaux des réformes sans comparaison avec tout ce qui a été fait depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une nouvelle phase des rapports sociaux et politiques

Ce chambardement a bien entendu été préparé, par Sarkozy, par Hollande, par les défaites et les trahisons, mais l’évolution est très nette. La comparaison entre les mouvements de soutien aux migrantEs, si valeureux et nécessaires soient-ils, de Menton et de Calais, et ceux de Saint-Bernard et Saint-Ambroise dans les années 1990 est éloquente. Celle entre les mouvements de 1995, 2006 et 2010 et les mobilisations contre les lois travail également. L’intégration des syndicats au dialogue social, bien entamée par la CFDT et FO, va être considérablement renforcée par la loi travail XXL.

Ceux qui voient une solution politique par en haut à cette situation se trompent. Les partisanEs de Mélenchon, qui ont cru qu’un « débouché politique », malgré ses défauts, débloquerait les choses, en sont pour leurs frais… Mais l’illusion selon laquelle il suffirait de proposer une direction alternative à celle des directions syndicales et politiques bureaucratisées en ignorant ces dernières, ou de présenter bien haut le drapeau rouge pour que les masses se tournent vers la révolution, exprime quant à elle le refus de voir les rapports de forces tels qu’ils sont.

Patience…

L’ampleur des attaques du gouvernement produiront inévitablement de nouveaux conflits. Hier sur la loi travail, demain sur ses conséquences, sur le flicage des chômeurEs, la sélection dans les universités ou la loi sur l’immigration. L’histoire nous a appris que les mobilisations féministes comme celles de cette année sont un signe optimiste pour la suite.

Il faudra être patients. Nous devrons maintenir une orientation qui combine une bataille publique pour l’unité de notre classe, qui seule permet les victoires contre le camp d’en face, et la défense d’une orientation radicale, pour la grève générale et pour renverser le capitalisme, dans un contexte où tout tire à l’inverse. L’absence de combativité des syndicats donne l’illusion qu’on peut se passer d’eux ; le décalage croissant entre des militantEs très radicaux et les masses peuvent faire croire qu’il faut avancer sans attendre les wagons les plus lents ; les difficultés des révolutionnaires, sanctionnées par nos petits scores à la présidentielle, donnent à d’autres l’impression qu’il faut attendre que le vent tourne.

Reconstruire par en bas

Dans tous les pays d’Europe qui ont connu des attaques extrêmement violentes contre la classe ouvrière, les remises en cause de l’ordre bourgeois sont venues de l’extérieur de la lutte économique quotidienne : mouvement altermondialiste, Indignés en Espagne et en Grèce, question nationale, etc. Nous devons donc être particulièrement attentifs à ce type de luttes, tout en gardant à l’esprit que, dans l’immense majorité des cas, l’issue des batailles se règle sur le terrain le plus traditionnel, celui des grèves, des occupations des lieux de travail, des manifestations. Conserver, renouveler, coordonner des équipes syndicales militantes, sur les lieux de travail, dans les grandes entreprises comme dans les petites unités de production, est donc également un enjeu décisif pour être en capacité de faire bouger les lignes et saisir les prochaines occasions. D’autant que le potentiel est indéniable, pour peu que les militantEs se lient aux équipes émergentes à Deliveroo, Holiday Inn, Onet, dans les hôpitaux, etc.

Avec la campagne présidentielle, nous avons conservé un écho pour mener des batailles politiques d’ampleur nationale. Pour l’unité de notre camp social, pour les migrantEs et contre le racisme, contre l’extrême droite et le nationalisme chauvin, pour rompre avec un capitalisme de plus en plus pourrissant, notre voix reste audible et peut donner un espoir à des milliers aujourd’hui et, qui sait, à des millions demain !

Antoine Larrache