Le premier forum anticapitaliste qui s’est déroulé à la Bellevilloise le 2 juillet montre à la fois les possibilités de construction d’un outil politique large pour les exploitéEs et les difficultés que nous rencontrons.
Avec près de 200 personnes, la participation a été convenable, avec des camarades venuEs de très nombreux départements, notamment du fait de la présence du NPA et d’Ensemble. Étaient également représentés PEPS, l’UCL, la GES, Nouvelle Donne et le Parti pirate. Une partie importante des signataires de l’appel étaient absentEs mais étaient présentEs des camarades symboliques pour les milieux intellectuels, syndicalistes et les quartiers populaires. Sur le fond, le forum montrait à la fois les délimitations politiques affirmées dans l’appel, par rapport à la gauche institutionnelle, une volonté de construire par en bas un projet de rupture avec le capitalisme, et une difficulté à approfondir les débats pour solidifier un projet.
Des difficultés de la gauche radicale…
Les premiers échanges de ce dimanche ont formalisé l’évolution des discussions dans la gauche radicale : faiblesse dans les quartiers populaires, rendez-vous manqués dans la lutte contre l’islamophobie et les violences policières et racistes, nécessité de prendre davantage en compte la dimension écologique de la crise globale du capitalisme.
Hélas, la première discussion a montré également la difficulté pour une génération, incarnée par l’homme blanc, âgé, cis, de comprendre que le but de ce type de forum n’est pas de montrer l’étendue de leur immense savoir, mais d’être un cadre pour que les exploitéEs et les oppriméEs puisse s’organiser. Dans le temps court d’une journée, donner la parole à celles et ceux qui en ont besoin nécessite, comme cela a été rappelé dans une intervention, que d’autres « ferment leur gueule ».
Ce rappel à l’ordre a constitué un petit tournant, avec le moment de travail en petit groupes, qui ont changé la physionomie de la réunion. Petit à petit, on a pu percevoir le fait que la composition de la salle était bien plus intéressante que les premières interventions ne le laissaient craindre. Il y avait bien des camarades du monde du travail, des quartiers populaires, des femmes, des personnes racisées, prêtes à s’engager. On retrouvait, en plus petit (beaucoup plus petit), les mêmes dynamiques qu’à la fondation du NPA.
… aux solutions par en bas
De tout cela ressortent les enjeux pour la rentrée. Il est prévu d’organiser des forums locaux dans tous les départements, pour voir s’il existe, sur la base de l’analyse de la crise profonde du capitalisme, des limites de la gauche institutionnelle en même temps que la nécessité d’une unité du monde du travail, un courant dans les classes populaires prêt à s’organiser pour construire un petit parti pour la rupture et la transformation révolutionnaires de la société.
Avancer dans cette direction nécessitera que les militantEs expérimentéEs se tournent vers l’extérieur, vers les entreprises, vers les quartiers populaires, vers les mouvements sociaux, pour construire, aider à s’organiser…
Nous aurons aussi du pain sur la planche pour élever le niveau de notre regroupement. En effet, le caractère le plus intéressant de l’appel était la présence d’intellectuelEs, de syndicalistes et de militantEs de collectifs de défense des oppriméEs, mais cette dimension n’a pas été réellement visible dans le forum. De plus, la discussion sur la manière de combattre le capitalisme — la discussion stratégique — a été limitée.
Dans les forums locaux, il nous faudra donc, en lien avec les mobilisations de la rentrée, résoudre toutes ces difficultés. Nous en avons les moyens grâce à l’arc de forces présent à la première réunion. Ce qui est certain, c’est que si nous voulons aboutir à un nouvel outil politique, il va falloir mettre les bouchées doubles pour se tourner vers l’extérieur et vers l’action, car c’est la pratique qui tranchera sur les possibilités d’un saut qualitatif.