Publié le Vendredi 18 novembre 2011 à 23h55.

François Hollande ou le « sens de l’austérité »

Les critiques de François Hollande à l‘égard des plans d’austérité du gouvernement sont dues à sa posture de candidat, car dans le fond, il ne remet pas en cause la rigueur imposée à toute l’Europe. François Hollande semble bien plus préoccupé de se tailler son costume de futur président de la République que de défendre une politique alternative à celle de Sarkozy pour répondre aux souffrances de la population, à la récession qui s’annonce, à l’austérité qui frappe les classes populaires. Commémorer la fin de la Première Guerre mondiale en prenant la pose du futur président ne suffira pas à le rendre crédible, d’autant qu’il prend soin, au passage, de préciser : « Il ne faut pas utiliser l’histoire », car c’est prendre un « risque de division ». Propos bien à l’image de celui qui n’a été choisi, à l’issue des primaires du PS, que parce qu’il était le plus centriste, le plus lisse, à l’unisson de cette gauche libérale sans force ni caractère, adaptée à la loi des plus forts qu’elle prétend timidement adoucir.

Mais l’accentuation de la crise ne laisse pas de place aux ambigüités et aux non-dits. Hollande ne pourra se contenter de jouer, en creux, sur le rejet populaire de Sarkozy en espérant rallier à lui tous les mécontents. Il feint de ne voir dans la crise de la dette et la menace de dégradation de la note de la France que la conséquence d’ « une gestion passée, pas un risque futur ». Bluff ou aveuglement ? « Les proclamations ne peuvent pas valoir une politique » s’exclame-t-il tout en restant dans le même flou que Sarkozy et sur le même terrain. « Définir des instruments de régulation », établir une « liste noire des hedge funds », les fonds spéculatifs, « aucune banque ne devrait pouvoir travailler avec un pays qui abrite un paradis fiscal », la taxe sur les transactions financières déjà reprise par Sarkozy, voilà les mesures qu’il a préconisées à l’issue d’une réunion de travail avec des économistes proches du PS.

Face à la dette, la Banque centrale, « la BCE doit être autorisée à racheter des emprunts d’État » et il défend les « eurobonds », en fait un moyen de faire payer les populations de tous les pays d’Europe. Rien qui n’ait déjà été fait ou dit mais rien surtout qui prenne le problème à la racine. En fait, la préoccupation de Hollande doit se résumer à une idée : « La France n’est pas protégée parce qu’elle n’est pas bien présidée » ! Votez pour moi et tout ira mieux ! Obligé de se prononcer sur les mesures Fillon, il prétend, sans rire, vouloir donner « un sens à l’austérité » mais il ne la conteste nullement, se contentant de dénoncer « une politique faite de bricolages et de rapiéçages ». Et d’ajouter : « Par ailleurs, est-ce que ces mesures, de l’ordre de 6 à 8 milliards, seront suffisantes ? Sûrement pas puisque l’activité sera plus faible encore que ce qui est affiché. » Donc, ces mesures devront être suivies d’autres. Fillon ne s’en est pas caché. Hollande voudrait, certes, une austérité mieux répartie, peut-être, mais les plus frappés seront de toute façon les plus démunis, les classes populaires.

Devant une telle impuissance, Jean-Luc Mélenchon interroge : « À présent, à gauche, pourquoi choisir, pour entrer dans la saison des tempêtes, un capitaine de pédalo comme Hollande ? » Certes, mais la question n’est pas tant la personnalité de Hollande que le programme de la gauche institutionnelle, son incapacité à entrevoir qu’une autre politique est possible que celle dictée par les banques et les gros actionnaires. C’est bien une politique de rupture qui est nécessaire.

Yvan Lemaitre