À quelques mois des régionales, le Front de gauche se divise une nouvelle fois sur la stratégie à mener face au PS entre ceux qui peuvent s’accommoder ici ou là d’alliances avec lui et ceux qui prônent l’indépendance complète. Nouvelle ou ultime crise ?
C’est désormais un grand classique au Front de gauche. Depuis l’élection présidentielle de 2012, les deux principales composantes (PCF et PG) se divisent sur la stratégie à mener vis-à-vis du PS. En particulier, cela a été le cas pour les municipales l’an dernier et les dernières départementales. Un nouvel épisode semble s’ouvrir pour les régionales, pour lesquelles d’ores et déjà il semble difficile de parler d’une campagne du Front de gauche, tant les divisions ici et là sont importantes.
Le cas de l’Île-de-France en est une caricature. En une semaine, le Front de gauche avait donc deux têtes de listes désignées chacune par leur parti : Pierre Laurent pour le PCF et Éric Coquerel pour le PG, cela sans compter Clémentine Autain pour Ensemble. La candidature de Pierre Laurent a été beaucoup critiquée tant par le PG que par Ensemble sur deux principaux aspects : la méthode et la question du cumul des mandats du sénateur Laurent. Mais curieusement, pas un mot – ou en très léger filigrane – sur le fond et le fait de laisser la porte ouverte aux alliances potentielles avec le PS au premier ou au second tour.
Après le coup de canicule qui s’est abattu sur le Front de gauche, les esprits semble s’être un peu calmés suite à une réunion où « Le Front de gauche est déterminé à œuvrer à un large rassemblement basé sur une implication citoyenne capable de s’opposer à la mise en œuvre au plan régional de la politique d’austérité gouvernementale et de porter une nouvelle ambition de progrès social, écologique et démocratique », et dont l’objectif est de « réussir une percée politique ». L’ambition semble donc commune, la méthode pour y arriver, on n’en est moins sûr...
Le Front de gauche est mort, vive Podemos ?
Depuis 2014, les divisions au sein de la coalition ont affaibli terriblement ce front d’organisations, mais tous savent que porter la responsabilité de la « rupture » ne serait une bonne idée pour personne... Alors on biaise. C’est le cas du Parti de gauche qui lors de son dernier congrès il y a quelques jours a préféré la création d’un « mouvement citoyen » à la recherche de « l’alternative à gauche » sous la forme de cartel électoral (296 voix contre 57), décidant de relancer une dynamique militante via « l’implication citoyenne », « par en bas », davantage que par les discussions d’appareils politiques. Pour Éric Coquerel, « c’est le moment de tenter et de planter une méthode qui nous différencie vraiment des autres forces du système. Il faut s’y mettre maintenant, profiter des régionales, pour au moins sortir en 2017 avec un mouvement qui s’impose comme pouvant prendre le pouvoir ».
Derrière tout cela, le PG n’a qu’un seul objectif : Mélenchon 2017. Et si le Front de gauche est un obstacle à cela, il « faut le dépasser », comme l’explique Éric Coquerel : « Il n’est pas possible d’aller tout le temps au rythme des autres, si ce rythme confine au blocage. Le Front de gauche est un acquis et un point d’appui, mais il faut le dépasser ». Le message est on ne peut plus clair...
La crise du Front de gauche est donc plus que jamais ouverte. Reste juste à discuter de l’essentiel.
Sandra Demarcq