L’été aura vu la multiplication des candidatures prétendant incarner une alternative à gauche en vue de la présidentielle de 2017.
En quelques jours, ce ne sont pas moins de trois anciens ministres de Hollande qui se sont lancés : Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Cécile Duflot. Ces trois candidatures s’ajoutent à celle de Jean-Luc Mélenchon, candidat « insoumis » et « hors parti » depuis le mois de février, et celles de Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche, militants de l’aile gauche du PS et candidats à la primaire de celui-ci. Plusieurs de ces candidatures ont un même leitmotiv : tirer à boulets rouges sur le quinquennat de Hollande… qu’ils ont pourtant accompagné.
Crises internes
La multiplication des candidatures « socialistes » est le symptôme supplémentaire d’une décomposition accélérée de la famille social-démocrate française et illustrent une fois de plus la crise profonde qui travaille le PS. Mais, cela dit, nous sommes assez loin de la rupture puisque, pour la plupart, elles s’inscrivent dans le cadre de la primaire de « la Belle Alliance populaire » qui, selon Cambadélis, « poussent à la fragmentation mais poussent aussi, à la fin, à l’union »… derrière Hollande.
Le pari de Benoît Hamon est, si Hollande ne se présentait pas, de rassembler l’aile gauche du PS. Et si Hollande se présente, il se voit comme son premier opposant... et pourquoi pas comme le futur secrétaire du PS après 2017 ! Quand à Arnaud Montebourg, qui a simplement annoncé à Frangy, le 21 août dernier, sa candidature sans faire référence à la primaire de son parti, il semble vouloir se présenter seul car il lui « sera impossible de soutenir Hollande ». Une façon de ne pas avoir à tirer les bilans de ses deux années de « redressement (im)productif » au gouvernement...
Chez les écologistes, à la suite du désistement de Nicolas Hulot, la primaire interne s’est imposée. Traumatisée par l’expérience de 2011, Cécile Duflot n’en voulait pas... mais a cependant décidé de s’y soumettre « parce que l’écologie est une cause trop importante pour que sa défense soit absente des enjeux d’une élection qui peut fixer le cap de notre pays pour les années à venir »... Elle y affrontera les députés européens Yannick Jadot, Michèle Rivasi et Karima Delli, eux aussi critiques de la politique gouvernementale. Mais pour faire quoi d’autre ?
Quelle alternative ?
Seul Jean-Luc Mélenchon voit un atout dans la multiplication de ces candidatures, en particulier celle d’Arnaud Montebourg : « Avec sa candidature, après celle de Benoît Hamon et de Marie-Noëlle Lienemann, la scène n’est plus uniquement occupée par des libéraux qui se concurrencent dans les surenchères droitières et ethnicistes », écrit-il. Est-ce vraiment le cas ?
En effet, on aura peu entendu ces candidats, y compris Mélenchon, s’opposer réellement aux arrêtés anti-burkinis cet été. Et comment interpréter la candidature de Montebourg quand il se dit « socialiste » mais « pas seulement », fait un clin d’œil au gaullisme historique, cajole un PCF encore sensible au discours national du « produisons français » et défend tout au long de son discours de Frangy un « rassemblement national » ?
Bref, le point commun de toutes ces candidatures y compris celle de Mélenchon, c’est qu’elles sont loin, très loin, d’être des candidatures de rupture avec le système. Pourtant, au vu du contexte, c’est bien d’une candidature qui défende jusqu’au bout les intérêts des exploitéEs et des oppriméEs dont nous avons besoin : pour imposer des mesures immédiates répondant aux besoins sociaux, pour combattre le capitalisme et tous ses maux – productivisme, autoritarisme, racisme et sexisme, impérialisme – pour redonner de l’espoir et reconstruire une perspective émancipatrice. C’est ce que défendra Philippe Poutou, le candidat du NPA dans cette campagne.
Sandra Demarcq