Rien ne va plus pour François Hollande, le président le plus impopulaire au bout de dix-huit mois de mandat de toute l’histoire de la Ve République.
Les médias spéculent sur sa personnalité, mais en réalité le gouvernement est entraîné dans la chute par sa politique d’austérité et sa soumission aux exigences du patronat et des banques qui dressent les salariés et toutes les couches sociales contre lui. Une colère dont la révolte bretonne est devenue le symbole.
Mensonges et veuleriesLa crise de l’agro-alimentaire breton a révélé, de façon exacerbée, les effets dévastateurs de cette politique menée au nom de la lutte contre les déficits et de la course à la compétitivité, politique qui nourrit les profits capitalistes et conduit à la ruine. Le pouvoir a dû reculer en reportant sine die l’inique écotaxe initiée par Sarkozy et dont la collecte a été confiée à une société privée ! Ce recul est l’aveu d’une politique qui agresse les classes populaires, un aveu qui ne résout rien. Au nom des impératifs de rentabilité financière, les patrons se livrent à la plus farouche concurrence pour un coût du travail et des cours agricoles les plus bas. Seuls les actionnaires s’engraissent alors que des milliers de salariés et de paysans sont abandonnés à leur sort !Dans tout le pays, et en Europe, la même politique produit les mêmes ravages. Les plans de licenciements déferlent, et Hollande prétend inverser la courbe du chômage alors que les chiffres ne cessent de monter ! Veule devant les patrons et les riches, il attaque les travailleurs et les classes populaires, agresse les plus faibles, les Roms, les immigrés, expulse Leonarda et Khatchik tout en croyant tromper son monde par des mensonges qui le ridiculisent lui-même.
Patronat, UMP et FN à la manœuvreMalheureusement depuis l’arrivée de la gauche libérale au pouvoir, les directions syndicales sont encore davantage engluées dans le dialogue social. Le Front de gauche se refuse à agir en opposition. Paralysée, sans perspective politique, la classe ouvrière n’a pas eu la force d’empêcher les mauvais coups comme l’ANI, l’accord compétitivité, ou les attaques contre les retraites, les licenciements.Les difficultés à construire une opposition de gauche, ouvrière et populaire, à développer les mobilisations, laisse le terrain au Medef, à l’UMP, au FN qui cherchent à dévoyer le mécontentement comme ils tentent de le faire en Bretagne. Ils ont les mains libres pour se livrer à toutes les démagogies contre le gouvernement alors qu’ils portent une lourde et pleine responsabilité, tant dans la crise bretonne que dans la situation dramatique que connaît une grande partie du monde du travail dans tout le pays. Ils disent se soucier du peuple mais ce n’est que démagogie pour mieux le duper comme ils le font depuis des décennies.
Une nouvelle révolution est nécessaireLa réponse ne peut venir que des intéressés eux-mêmes, des travailleurs, des paysans, des artisans. Et c’est bien plus qu’ « un changement de cap » qui est nécessaire, il faut un véritable bouleversement social et politique. Les manifestants bretons arborent le bonnet rouge des révoltes paysannes contre la monarchie absolue au service de l’aristocratie. Aujourd’hui, une nouvelle aristocratie financière se nourrit des subventions et exonérations fiscales de l’État au prix d’une explosion de la dette publique dont elle encaisse les intérêts, alors que l’État veut la faire payer par la population. Comme la monarchie, l’État dit républicain vit à crédit pour entretenir les privilèges exorbitants d’une petite minorité au prix d’un appauvrissement grandissant de la population.Les salariés de ce pays sont solidaires de celles et ceux qui vivent de leur travail sans exploiter personne. Ils ont raison de se battre avec eux en Bretagne contre les multinationales, les capitalistes du transport, de l’agro-alimentaire ou les grandes chaînes de distribution. Ce sont eux nos adversaires communs, les adversaires de toute une population qu’ils rackettent par mille moyens, avec le soutien actif du gouvernement.C’est toute cette machine à pressurer le peuple qu’il faut mettre à bas. Pour interdire les licenciements, répartir le travail entre toutes et tous sans diminution des salaires, annuler le fardeau de la dette, imposer une autre fiscalité qui fasse payer les riches et le capital, et organiser la production en fonction des besoins de la population et dans le respect de l’environnement.
Yvan Lemaitre