Publié le Jeudi 23 mai 2019 à 10h04.

Grenoble : les trophées de l’imposture

Le Medef et divers « partenaires » ont organisé une vaste opération de communication le 14 mai à la MC2 (Maison de la culture) à Grenoble intitulée « les Trophées de la paix économique » afin de promouvoir une prétendue « révolution managériale ».

Ces révolutionnaires veulent faire croire que l’entreprise a changé et qu’elle défend désormais la « paix économique » et le « bonheur au travail », « l’intérêt sociétal », « le bien commun ». L’école de management de Grenoble, GEM, était chargée de l’organisation de la cérémonie de remise des prix aux managers les plus « vertueux ».

Formidable manipulation

Des entreprises participaient à cette formidable manipulation : Hewlett-Packard, Araymond, Schneider Electric… au côté de banques et de compagnies d’assurance (MMA, la Banque populaire,...), d’écoles patronales de formation des élites (ESSEC Business School, Stanford Business Club), le tout chaperonné par la Chambre de commerce de l’Isère, le Medef Isère et le Medef Auvergne-Rhône-Alpes. 

En plein procès des dirigeants de France Télécom, accusés d’avoir appliqué une politique managériale menant au suicide de dizaines de salariéEs, il était malvenu de trouver dans le jury Delphine Ernotte, en poste à l’époque comme directrice chez France Télécom. Elle est actuellement présidente de France Télévisions, service public frappé d’un plan d’économie drastique. Au jury également un spécialiste de la paix, avec le général de corps d’armée Philippe Guimbert, commandant de la région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes. 

Parmi les jurés, se trouvaient également le président de la Métro, Christophe Ferrari, le maire de Grenoble, Éric Piolle, et… Edgard Morin, comme caution morale.

Plus choquant encore, l’engagement du service public dans cette opération patronale. On trouvait en vrac le préfet de l’Isère, la gendarmerie nationale, le ministère du Travail, le ministère des Solidarités et de la Santé, la Ville de Grenoble, Grenoble-Alpes Métropole… En quoi l’argent public, l’argent de nos impôts a-t-il vocation à financer la propagande patronale ? 

Invités parfois mal à l’aise

Pour ne pas laisser le champ libre aux communicants néolibéraux, une réaction s’est organisée autour du groupe qui avait mené le projet de film les Maux du travail (analyse critique du néo-management), et d’organisations syndicales et associatives : Solidaires, Union syndicale des travailleurs de la métallurgie de l’Isère (USTM CGT), SUD Collectivités territoriales 38, Collectif des syndicats CGT de la Culture et du spectacle 38, ATTAC 38.

Un rassemblement symbolique s’est tenu avec conférence de presse, et 500 tracts ont été distribués aux invités parfois mal à l’aise. Une petite victoire : Delphine Ernotte a renoncé à venir à Grenoble, et France 3 a annulé un plateau télé prévu la veille.

La leçon de tout ça est que l’État, le patronat et leur « partenaires » sont à l’offensive sur le terrain idéologique pour nous faire croire que tout va mieux alors que tout empire. Les suicides continuent partout dans les entreprises, les services publics (une tentative de suicide à France 3 Grenoble récemment), la souffrance au travail aussi.

Correspondant