Au plus bas dans les sondages dans l’opinion publique, Hollande s’est totalement discrédité au sein de son propre parti suite à la parution de son livre d’entretien avec deux journalistes.
Mépris, inconscience ? Hollande pensait peut-être réaliser un bon coup publicitaire en publiant Un président ne devrait jamais dire ça, un recueil de ses confidences auprès des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme avec lesquels il s’est entretenu plus d’une centaine d’heures.
« Hara-kiri »
Des confidences dont certaines étaient destinées à alimenter la presse people comme celles sur ses relations avec ses compagnes et d’autres qui, sans aucune réserve ni retenue, enlèvent ce qui lui restait de vernis de gauche. Les juges y sont traités de « lâches », un leitmotiv à droite et à l’extrême droite, où est condamné le prétendu laxisme de la justice.
Il y fait aussi étalage de ses préjugés réactionnaires sur l’immigration ou l’islam. « Je pense qu’il y a trop d’arrivées d’immigration qui ne devraient pas être là ». « Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai, nul n’en doute », s’est-il confié.
Enfin, quand il révèle qu’il a décidé, comme d’autres avant lui, des assassinats ciblés opérés par les services secrets, c’est pour s’en vanter...
Dans son livre, Hollande révèle encore qu’il avait souhaité, avec Manuel Valls, la disparition du PS, « un acte de liquidation », un « hara-kiri », pour donner naissance à un « Parti du progrès ». Formellement, les deux hommes n’ont pas mis en œuvre ce projet... mais au final, ils auront bien réussi à liquider le PS.
L’air de rien...
Quelques jours après la publication de son livre, Hollande se rendait à Florange, où il n’a réussi qu’à mettre en lumière son mépris des ouvriers à qui il avait fait en 2012 de fausses promesses. « Quand Florange est citée, certains pensent à la fermeture d’usine, à des licenciements, alors que ce sont des embauches, des investissements. […] Florange n’est pas un souvenir mais un avenir et le signe que le combat a été gagné », a-t-il cyniquement déclaré.
Un peu plus tard, en visite à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, il déclarait comme si de rien n’était qu’il irait « jusqu’au bout » (de sa candidature)... alors que 86 % des personnes sondées par l’Ifop au même moment affirmaient ne pas le vouloir comme candidat.
Seulement voilà, les principaux dirigeants de ce qui reste encore son parti, le PS, l’ont bel et bien lâché. Le président de l’Assemblée nationale, Bartolone, le secrétaire général du PS, Cambadélis, un ancien parmi ses plus fidèles, Ayrault... et même Valls qui a endossé en quelques heures le costume de présidentiable !
Majorité introuvable
Mieux, à l’Assemblée nationale, une majorité de députés socialistes ont voté contre l’avis du ministre des Finances, Sapin, plusieurs amendements sur le budget : baisse de la CSG pour les retraités modestes, élargissement de la taxe sur les transactions financières, durcissement de la fiscalité sur les actions gratuites – qui ont fait hurler les organisations patronales et les marchés financiers – et allégement accru de l’impôt sur les sociétés. Rien de révolutionnaire en soi, mais des gestes qui montrent que les parlementaires du PS ne se sentent plus assujettis à une quelconque solidarité avec le gouvernement. C’est que les élus socialistes pensent, au-delà de l’élection présidentielle, aux prochaines législatives et à leur réélection...
Voilà qui promet une déconfiture accélérée pour le gouvernement et le Parti socialiste. Mais la raison de fond de ce fiasco, au-delà des personnalités peu reluisantes des uns ou des autres, est qu’il n’y a pas de politique ne serait-ce qu’un tant soit peu progressiste possible sans rupture avec les grands groupes industriels et financiers et les institutions de l’État, sans que le monde du travail et de la jeunesse imposent par leurs mobilisations les droits de toute la population et un autre gouvernement issu de leurs luttes et de leur auto-organisation.
Galia Trépère