Le déroulement est parfaitement orchestré : mercredi 15 mai, grand oral devant la Commission européenne, et le lendemain conférence de presse de l'an II du quinquennat. Hollande a commencé son mandat en mettant ses pas dans ceux de Sarkozy, en faisant adopter le TCSG que son prédécesseur avait négocié avec Angela Merkel, en actant l'austérité automatique, obligatoire et à perpétuité. Il entame sa deuxième année en confirmant qu'il va bien mettre en œuvre les contre-réformes libérales prescrites par la Commission européenne.Il fanfaronne : « En France, nous avons engagé des réformes de compétitivité et nous allons continuer, non parce que l'Europe nous le demanderait mais parce que c'est l'intérêt de la France ». Il a en partie raison. Si ce n'est que les réformes sont faites non dans « l'intérêt de la France », ce qui ne veut absolument rien dire, mais bien dans celui du patronat et des classes dominantes. Cette Europe des patrons et de la finance sert exactement à ce pour quoi elle est faite : imposer les politiques d'austérité aux populations qui n'en peuvent plus. Le soi-disant sursis de deux ans obtenu pour ramener le déficit budgétaire en dessous des fameux 3 %, n'est qu'un moyen de chantage de plus.La même chose, en pireLes chiffres qui tombent confirment ce que chacunE sait : le chômage n'a jamais été aussi important et le pouvoir d'achat jamais aussi bas depuis trente ans. La récession est bien là. La situation est déjà insupportable et elle ne peut qu'empirer. Mais Hollande fait le coup de l'offensive et du mouvement, parle de « la France de demain et même d'après demain » et promet la croissance, la sortie de la crise, la fin de la récession, genre on fonce droit dans le mur et pourtant on accélère ! Hollande se félicite du budget d'austérité, du pacte de compétitivité, de « l'allègement du coût du travail », de l'ANI devenu la loi de flexibilisation de l'emploi… de son « An I » pour mieux annoncer que la suite sera la même chose, en pire !La suite a déjà commencé, avec la préparation de la conférence sociale fixée les 20 et 21 juin et consacrée, entre autres, aux retraites. Hollande ne fait pas mystère de ses intentions, et prévient : « On vit plus longtemps, on devra donc travailler un peu plus longtemps ». Instruit par la méthode Sarkozy qui, faute de discussion, avait débouché sur le front syndical de l'automne 2010, et satisfait par celle de la conférence sociale qui a donné l'ANI, le gouvernement va embringuer les principales organisations syndicale dans le dialogue social. Son objectif est de faire valider par une partie du mouvement syndical ses projets d'allongement de la durée de cotisation et de baisse des pensions, désindexation et hausse de la CSG. Mais ce n'est pas tout : sont d'ores et déjà dans les tuyaux la baisse des allocations familiales, l'austérité pour les collectivités territoriales et une nouvelle étape dans la libéralisation des marchés des biens et des services, c'est-à-dire dans la privatisation et la mise en concurrence de l'électricité et du transport ferroviaire.Hollande « An I » a fait une politique qui a ravi le Medef. Hollande « An II » s'adresse d'abord aux patrons, n'a pas un mot pour les classes populaires : rien sur l'appauvrissement ou les inégalités sociales. Et sur le droit de vote pour les étrangers, c'est l'annonce de l'enterrement de première classe.Au programme, la troïkaLe calendrier ne doit rien au hasard. Le gouvernement Hollande-Ayrault se conforme scrupuleusement à l'agenda néolibéral de la troïka, parce qu'il adhère sans réserve à son programme. Pourtant les mêmes recettes amères produisent les mêmes catastrophes sociales. En Espagne, en Grèce, au Portugal, en Irlande, où le démantèlement social a été mis en œuvre à marche forcée, le taux de chômage, la précarisation et la pauvreté atteignent des records. Ces économies sont entraînées dans des spirales dépressives sans fin, à l'exact opposé des lendemains ou surlendemains radieux prophétisés par Hollande.Pour celles et ceux qui subissent les conséquences de cette politique, la leçon est claire. Non seulement, il n'y a rien à attendre de Hollande, mais il est tout à fait illusoire de prétendre lui faire « changer de cap ». Il n'y a pas d'autre réponse que de se mobiliser pour mettre en échec sa politique qui continue celle de Sarkozy en l'aggravant. Il n'y aurait pas d'autre choix, nous dit Hollande ? Si ! Celui d'une autre répartition des richesses, d'en finir avec l'austérité. Ces choix-là, il faudra les imposer par les luttes et les mobilisations. L'offensive doit changer de camp, elle doit être du côté de l'opposition de gauche à ce gouvernement.Christine Poupin