Les débats et premiers votes sur le budget viennent de commencer. À écouter le gouvernement, ce projet de loi de finances serait véritablement un budget de « justice sociale » de « combat contre la crise, la dette et les injustices ». Mais derrière la communication et les phrases ronflantes, la réalité est toute autre.À écouter l’UMP et le patronat, on pourrait croire que François Hollande est en train de mettre en œuvre, à travers le budget 2013, une véritable « révolution fiscale » qui reviendrait sur les avantages consentis aux plus riches depuis des décennies, qui taxerait fortement les hauts revenus, les profits des sociétés et les patrimoines des riches.Un budget fait pour satisfaire les marchés…Mais dans les faits, tout l’édifice est conçu pour rassurer les marchés financiers et montrer que la France est dans les clous, puisque ce budget 2013 s’inscrit dans l’objectif de réduire le déficit de 4,5 % à 3 % du PIB fin 2013. C’est en réalité un plan d’austérité en total cohérence avec le traité de stabilité et de cohérence budgétaire (TSCG). Via ce budget, la « rénovation de l’action publique » du gouvernement Ayrault aggravera dans les fait la RGPP de Sarkozy puisque les postes créés dans les ministères dits prioritaires seront tous supprimés ailleurs (– 2 500 postes à Bercy, – 650 dans le logement et autant dans l’écologie…). Les dépenses publiques seront abaissées de 10 milliards d’euros, ce qui concrètement concerne les dépenses d’investissement mais aussi les dépenses sociales de l’État comme les aides au logement, l’allocation adulte handicapé, les contrats aidés…… en faisant payer la majorité de la populationCertes, ce budget comporte quelques petits progrès effectifs comme la taxe de 75 % sur les ultra-riches, la nouvelle tranche supérieure d’imposition de 45 %, le plafonnement plus sévère des niches fiscales et le relèvement de l’ISF… Mais on est loin, très loin du compte. La réforme de l’Impôt sur le revenu est très limitée tant sur le nombre de personnes visées que dans le temps. La nouvelle tranche n’a rien de « révolutionnaire » puisqu’il s’agit d’un alignement sur l’Allemagne et le Royaume-Uni. La taxe de 75 % est exceptionnelle (pour deux ans) et ne portera que sur les seuls revenus d’activité des personnes, et non du capital, gagnant plus de 1 million d’euros dans l’année. En revanche, le gel du barème de l’impôt sur le revenu augmentera la charge de 16 millions de foyers fiscaux, bien au-delà donc des riches et même de ce que l'on appelle communément les « classes moyennes », et rapportera beaucoup plus à l'État. La réforme Sarkozy de l’ISF de 2011 n’est même pas complètement abolie. La plupart des niches fiscales demeurent. Mobilisation contre cette gauche de renoncementCe gouvernement ment tout simplement en affirmant que désormais les revenus du capital seront autant imposés que ceux du travail puisqu’il vient de capituler devant les fameux faux« pigeons » mais vrais rapaces. Les dividendes continueront de bénéficier d’un abattement de 40 % et le plafonnement des niches fiscales permettra encore aux plus riches de faire encore et toujours de grosses économies. Le système fiscal français restera donc scandaleusement défavorable aux plus grand nombre et continuera d’épargner les revenus du capital.Comment s'en étonner, tant la véritable feuille de route fixée par les marchés européens, le TSCG, a été défendue sans aucun état d'âme par Hollande, Ayrault et leurs amis. Loin d'être les auto-proclamés ennemis de la finance tel qu'ils s'étaient mis en scène dans le cadre de la campagne présidentielle, les dirigeants du PS s’affichent aujourd’hui comme leurs véritables garants. La lutte contre ce projet de loi de finance doit donc être une nouvelle étape dans le regroupement de toutes celles et ceux qui, au sein de la gauche sociale et politique, refusent l’austérité capitaliste. L’abstention des députés du Front de Gauche sur les recettes du budget alors qu’ils avaient voté contre le TSCG est un retournement contraire aux intérêts des travailleurs et de la population, le prix à payer pour avoir un strapontin dans la majorité. Nous militons pour lier mobilisations contre les conséquences de ces politiques, notamment sur le terrain de la défense de l'emploi, et développement de cadres unitaires contre la dette et l'austérité, pour avancer dans la constitution d'une véritable opposition de gauche. Cela reste une nécessité, cela doit devenir une réalité.Sandra Demarcq