Publié le Vendredi 8 juin 2012 à 10h01.

La campagne de l’austérité

La semaine dernière, la Commission européenne puis l’OCDE, la Cour des comptes présidée par le socialiste Mingaud et l’Inspection générale des finances (IGF) se sont invitées dans la campagne pour faire la promotion des politiques d’austérité. Il s’agit d’imposer comme une vérité établie la lutte contre les déficits par l’austérité. L’IGF chiffre les économies que l’État devra faire à 3,9 milliards d’euros par an pour un retour des comptes publics à l’équilibre en 2017 comme Hollande en a pris l’engagement.

Partant du principe intangible que la charge de la dette est incontournable et qu’il n’est pas question de porter atteinte aux intérêts des rentiers de la finance, les propositions sont simples, de nouvelles attaques contre les travailleurs et les services publics. Elles visent à réduire la masse salariale par le gel des salaires et des retraites, le nombre de fonctionnaires par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, voire de « deux sur trois ». Et la rigueur pour les services publics, les universités, les musées, Pôle emploi, le CNRS...

« Il y a d’énormes marges de manœuvre en faisant rentrer des impôts complémentaires » répond Martine Aubry. Moscovici, le ministre des Finances, déclare que la France parviendra à ramener son déficit public à 3 % du PIB en 2013 « sans mesure d’austérité » ! Mais dans le même temps, il reconnaît une « large convergence de vues » avec la Commission européenne championne des politiques d’austérité et qui met en demeure la France d’être plus compétitive. Et il s’engage à travailler au « renforcement de la compétitivité, au redressement du pays, mais aussi à la justice fiscale et dans la politique des revenus ».

Les ambiguïtés du gouvernement ne dureront probablement pas beaucoup plus que le temps des législatives. La réduction des déficits comme la course à la compétitivité impliquent, avec la gauche comme avec la droite, la diminution du coût du travail, une dégradation des conditions de vie et de travail. La dette, la compétitivité, c’est-à-dire la course à la rentabilité financière, sont incompatibles avec la justice et la démocratie.

Il n’y a pas de marges de manœuvres sauf de remettre cause la dictature des banques, le parasitisme de la finance.

Yvan Lemaitre