Publié le Jeudi 22 septembre 2011 à 21h56.

La campagne UMP est lancée

Visite d’entreprises, mise en scène en Libye... aucun doute, Sarkozy est en campagne et soigne son image en vue de 2012.Nicolas Sarkozy n’est jamais en reste lorsqu’il s’agit de tresser ses propres lauriers et de s’auto-congratuler. On ne sait pas si son séjour en Libye a été soigneusement programmé pour avoir lieu le même jour que le premier débat télévisé de la primaire du PS. Toujours est-il que Sarkozy en a assuré lui-même le service après-vente : « ce qui restera dans l’Histoire, ce sera mon déplacement… pas le débat des socialistes ». C’est assez osé, le plus probable étant que « l’Histoire » ne retiendra aucune de ces deux péripéties ! Mais on voit bien l’idée : pendant que les candidats socialistes potentiels discutent de choses triviales – la crise, les « emplois d’avenir », le nucléaire, etc. – le président, lui, écrit l’Histoire là où elle se passe, dans les pays arabes en révolutions.

Sous l’hyper-président perce surtout l’hyper-candidat dont tous les faits et gestes sont désormais orientés vers 2012 et son aléatoire réélection. Sarkozy est, en effet, toujours malmené dans les sondages, fort impopulaire en général (à 67 % selon le dernier baromètre Ifop/JDD) et plus particulièrement dans les couches populaires (employés, ouvriers, salariés du public). Sa contre-offensive se déploie donc dans deux directions : d’abord la mise en scène de son action internationale et, sur le plan intérieur, la mise en avant de son activisme sur tous les thèmes qui fonctionnent comme autant de clins d’œil à l’électorat de la droite dure, voire à celui du Front national. Revue de détail, non exhaustive… Planning de campagneLe 6 septembre, Sarkozy rend visite à une entreprise de transport routier, un secteur aux horaires de travail souvent démentiels. Une occasion rêvée de vanter… l’allongement du temps de travail : « j’ai plutôt envie de donner satisfaction à ceux qui disent " laissez-moi travailler plus ", plutôt qu’à ceux qui disent " je veux travailler moins " ». Le 13, il inaugure en Seine-et-Marne un « centre fermé pour jeunes délinquants » : c’est l’occasion d’agiter la promesse de construction de nouvelles places de prison (30 000 d’ici 2017, quand même…) et de faire la promotion d’un service « citoyen » pour jeunes délinquants et encadré par des militaires.

Le 15, c’est l’heure de gloire, partagée avec David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni. Les deux dirigeants occidentaux sont en Libye pour « donner la ligne » aux nouveaux dirigeants, toucher les dividendes pétroliers de l’intervention militaire franco-britannique et, accessoirement, faire oublier une décennie de collaboration étroite avec le régime Kadhafi – y compris dans le domaine de la répression des opposants. Le 16, sitôt rentré de sa virée à Tripoli, escapade à Oberhausbergen pour inaugurer – ça ne s’invente pas – « les finales nationale et européenne des labours ». Là, en contradiction avec tous ses discours libéraux habituels sur les bienfaits d’un monde ouvert à la concurrence, Sarkozy brosse ses interlocuteurs dans le sens du poil protectionniste : « l’Europe ne doit plus accepter des produits provenant de pays qui n’ont même plus le mot traçabilité dans leur vocabulaire ».

Sarkozy, donc, ne ménage pas sa peine. Il n’est bien sûr pas le seul à monter au créneau. Une mention spéciale pour Claude Guéant : interdiction des prières de rue, expulsion des enfants roumains ou comoriens, l’homme qui fait écouter les journalistes laboure sans états d’âme le créneau sécuritaire de la concurrence/connivence avec le Front national. Mais le président candidat est en effet de plus en plus rattrapé par la réalité sociale, internationale et… sordide. Le chômage, déjà élevé, continue d’augmenter. Les prétentions de Sarkozy à sauver l’Europe butent inexorablement sur les rebondissements de la crise capitaliste et les résistances de la société grecque. Enfin, la relance de l’affaire Woerth-Bettencourt et les mallettes de la Françafrique jettent un éclairage cru sur la pourriture du régime. Dégage !

François Coustal