Les « macroniens » n’ont que l’expression « société civile »à la bouche : la France se diviserait désormais entre la « société civile » et… on ne sait trop qui. Les ouvriers (est-ce que ça existe encore d’ailleurs ?), les travailleurs sont supposés danser une joyeuse farandole avec patrons et traders...
L’Insee vient de publier des données sur l’année 2016 dans une nomenclature dont on peut contester les frontières mais qui n’empêche pas ces chiffres d’être fort intéressants. Les ouvriers représentent 20,3 % des salariéEs et les employéEs 27,4 %. Au total, ces catégories professionnelles clairement à la fois exploitées et subordonnées dans leur travail regroupent donc 47,4 % des actifs. Mais ce n’est pas tout : ce que l’Insee qualifie de « professions intermédiaires » représentent 25,8 % des actifs. L’Insee y classe des travailleurs exerçant des métiers comme les infirmières, les techniciens, les enseignants du premier degré, etc. On arrive ainsi à trois quarts des actifs qui n’ont clairement que la vente de leur force de travail pour vivre. Et il en est de même pour une partie des « cadres et professions intellectuelles supérieures » (17,8 % des actifs), même si les choses deviennent plus compliquées à ce niveau.
Il ne s’agit pas d’un simple exercice abstrait de classement fait par une bande de gauchistes camouflés en statisticien. Ces catégories socio-professionnelles (pour reprendre la terminologie Insee) se reflètent dans les inégalités de revenus (le salaire net moyen des ouvrierEs et employéEs à temps plein ne dépasse pas 1 700 euros par mois), d’espérance de vie (l’espérance vie en bonne santé d’un ouvrier homme est de 59 ans... contre 69 ans pour un cadre), de risques pour la santé au travail, d’accès des enfants à l’enseignement supérieur, etc.
Et derrière tous les baratins sur le « renouvellement », une chose demeure : « Le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu’à la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroît le capital », comme l’a écrit Marx, reste écarté de la représentation politique : il y a zéro ouvrier à l’Assemblée nationale, et moins de 9 % qui se déclarent employéEs. Alors qu’il y a près de la moitié d’ouvrierEs et d’employéEs dans la société !