À travers notre camarade, c’est tout le mouvement des Gilets jaunes qui est attaqué : le bouc émissaire idéal a en effet été trouvé d’une façon bien commode, par la police locale, le parquet de Nîmes et le pouvoir politique en la personne de notre servile préfet.
Le mécanisme : l’utilisation déraisonnée de procédures expéditives (comparution immédiate) qui envoient le militant plusieurs semaines en détention, qui est une sanction avant jugement. L’utilisation systématique et dévoyée de poursuites pour des délits « fourre-tout » bien commodes : outrage, rébellion, entrave à la circulation des véhicules, participation à une manifestation non autorisée, participation délictueuse à un attroupement, etc.
Roland a eu droit à tout ça et, le 12 décembre 2019 en comparution immédiate, la « justice » ayant regroupé toutes ses affaires pour l’envoyer directement en prison ! Ce mécanisme se répète à l’infini depuis plus d’un an et le début du mouvement des GJ. En France aujourd’hui, il y a plusieurs centaines de GJ en prison (on parle de 1 000), en préventive ou déjà jugés pour des faits analogues. Qui s’en offusque réellement ? Trop peu de monde à l’évidence.
Le mouvement des GJ a complètement renouvelé les mécanismes de lutte en sortant définitivement de la routine syndicale et bureaucratique. Cette radicalité déteint aujourd’hui sur le mouvement plus syndical de lutte contre la « réforme » des retraites. Les bureaucraties syndicales sont poussées par leur base influencée durablement par le courage et la combativité des GJ. L’étonnante durée de la bagarre sur les retraites, quelle qu’en soit l’issue, n’a été permise que par le courage des GJ.
Qui, comme Roland, en paient le prix fort : poursuites, procès, prison, amendes, avocats à payer, sans parler des blessures diverses de triste mémoire. Et les perquisitions brutales comme par exemple à son domicile avec porte et murs défoncés… le tout sur ordre du procureur ! Et ce n’est pas fini. Le pouvoir a peur : il fait donner ses flics certes, qui font preuve de la meilleure volonté, mais aussi sa justice aux ordres. Alors que par ailleurs la justice est débordée, pour les GJ on incarcère le samedi pour une comparution immédiate le lundi. C’est là l’urgence absolue, il faut défendre la société en grand danger !
La bourgeoisie se défend efficacement avec son parquet qui suit les injonctions de la police. Corcuff l’écrit, on se trouve « face à une police qui s’autonomise, influencée par l’extrême droite très présente dans les commissariats » et cette police dicterait ses consignes au parquet, alors que ce devrait être l’inverse...
Mais le pouvoir politique n’est pas dépassé par cette police toute puissante, Castaner ne suit pas les événements, il les précède ! Et Macron est son chef – Roland a fait la connaissance de Macron durant la loi travail, à Lunel, c’est l’affaire de « la meilleure façon de se payer un costard »1, lui-même en service commandé pour la toute puissante bourgeoisie. On sait que des consignes de fermeté et plus, sont données aux préfets, depuis un an, et ça va très loin. On n’est pas dans une vraie dictature si l’on s’en tient aux définitions habituelles mais nous sommes bien au-delà tout de même d’un simple régime autoritaire. Le glissement progressif vers autre chose que la démocratie même bourgeoise est bien en cours. Les résistances sont certes au-delà de ce nous pouvions craindre après l’élection de Macron. Les GJ sont passés par là et maintenant les retraites. Mais tout de même, la « servitude volontaire » est encore bien trop prégnante.
Roland a été libéré grâce à une formidable pression lors de l’audience du 26 décembre dernier, en attente de son procès en janvier. Mais à la sortie du TGI, comme pour se venger d’avoir été obligé de céder, la bourgeoisie a placé en GAV pour 24 h trois nouvelles militantes et un procès est en cours...
Pour finir il faut replacer l’affaire de Roland dans le contexte un peu particulier du commissariat de Nîmes : la nuit du 1er janvier 2019, un incendie a eu lieu à l’hôtel des impôts, où un commissaire serait impliqué ; des flics provocateurs et insultant en manif et au TGI, d’aucun ivre dans l’enceinte même du commissariat et armé ; sans oublier l’affaire du flic pillant les gardés à vue pour remplacer les vrais billets par des faux révélée par le Canard Enchaîné !
Roland a dénoncé tout ça et l’a rendu public. Nous pensons que Roland paye aussi pour ça ; le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne sont pas tranquilles, les flics mais aussi le parquet. C’est le mouvement des GJ dans son ensemble qui a permis ce grand coup de balai ! Roland comme le mouvement des GJ, constituent une espèce de « lanceur d’alerte » à grande échelle.