Publié le Jeudi 20 mars 2025 à 18h00.

Le soutien internationaliste à l’Ukraine qui résiste : une urgence antifasciste

La fin des renseignements militaires fournis par les USA à l’armée ukrainienne et le blocage temporaire des livraisons d’armes ont eu pour conséquences immédiates une poussée décisive russe dans la région de Koursk, une multiplication de bombardements mortels sur les infrastructures civiles partout en Ukraine et un regain d’assurance côté russe, les incitant à pousser leur avantage toujours plus loin.

En reprenant les éléments de langage du Kremlin, Trump a par ailleurs opéré un renversement de sens majeur : c’est l’agresseur russe qui serait une victime, c’est aussi lui qui serait le plus fervent soutien de la paix. Ce cadeau offert sur un plateau à son camarade « incompris » Vladimir, doit néanmoins s’inscrire en retour dans l’agenda médiatique de Trump : une proposition de cessez-­le-feu de 30 jours, acceptée par les UkrainienNEs, comme une preuve supplémentaire du génie de Trump pour obtenir rapidement de bons deals. 

La paix selon Poutine : écraser l’Ukraine libre et indépendante

La réponse tardive de Poutine a été particulièrement évasive, laissant entendre qu’il y avait besoin de plus de discussions avec son partenaire américain. Ainsi le cessez-le-feu n’est-il plus un préalable à une négociation, mais l’occasion pour Moscou de poser des prérequis maximalistes conditionnant tout cessez-le-feu. Voici, d’après le Washington Post, les conditions imposées par Poutine : la reconnaisse formelle par l’Ukraine de la souveraineté russe non seulement sur la Crimée mais aussi sur les quatre régions partiellement occupées par l’armée russe (de 20 % de territoires actuellement occupés par l’armée russe, on passerait à 30 % du territoire ukrainien…) ; l’éviction de Zelensky par de nouvelles élections, accompagnée de l’obligation pour Kiev de renoncer à son adhésion à l’Otan et l’arrêt immédiat de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine ; l’interdiction de déployer des forces européennes de maintien de la paix en Ukraine et la réduction drastique des effectifs de l’armée ukrainienne, d’environ un million de soldats à quelques dizaines de milliers. 

C’est bel et bien une façon de préparer la voie pour d’autres invasions à venir. La paix pour Poutine consiste à en finir de façon pure et simple avec une Ukraine libre et indépendante. 

Soutien concret à l’Ukraine

Il y a plus que jamais urgence à soutenir politiquement — et, c’est indissociable, militairement — la résistance ukrainienne. Plutôt que les plans de réarmement nationaux promus par les gouvernements européens, passant la transition écologique et les droits sociaux à la trappe, c’est d’un soutien concret qu’a besoin l’Ukraine pour continuer de résister : investissements immédiats dans les industries ukrainiennes qui manquent cruellement de ressources, fourniture de la production militaire en lieu et place des exportations massives aux dictatures des pays du Golfe, annulation de la dette ukrainienne et saisie des 200 milliards d’avoirs russes qui reviennent légitimement aux UkrainienNEs.

Les réponses nationalistes de la gauche

S’il y a peu d’espoirs de voir cette politique internationaliste appliquée par des gouvernements libéraux et conservateurs, on devrait s’attendre à autre chose de la propagande de la gauche radicale européenne. On la trouve en pratique dans la gauche finlandaise, polonaise ou encore danoise. Mais au cœur de l’impérialisme occidental, comme en France, ce sont les réponses nationalistes, marquées par le mépris pour les UkrainienNEs et les peuples d’Europe de l’Est, qui prédominent dans la gauche dite ­radicale. La défense de « l’agriculture française », des « intérêts des Français » ou des « relations historiques avec la Russie » est un crachat aux principes cardinaux de ­l’internationalisme ouvrier. 

C’est aussi une façon de préparer les défaites de demain. La dynamique du néofascisme international est inextricablement liée à celles du néofascisme français. On ne peut combattre l’un sans combattre l’autre. Les UkrainienNEs sont en première ligne face à la violence néo­fasciste ; mettre en contradiction les intérêts des UkrainienNEs et les intérêts des travailleurEs français est une erreur historique aux potentielles conséquences dramatiques.

Elias et Gin Vola