Il y 150 ans, le 18 mars 1871, commençait la Commune de Paris. Un évènement qui a donné lieu à une séance houleuse le 3 février dernier au Conseil de Paris. La droite (Les Républicains) est montée au créneau pour contester toute subvention à l’association « Les amies et amis de la Commune de Paris 1871 » au motif qu’elle « glorifie les événements les plus violents de la Commune ». Pas question de valoriser « ce triste moment de guerre civile », a asséné un élu du 16e arrondissement. D’après le Monde, un autre des agités de la droite a dit reconnaitre les « idées généreuses » de la Commune mais a dénoncé un autre aspect qui le hérisse : « la confiscation des moyens de production ». Le voilà, sans doute, le crime suprême aux yeux de ces représentants zélés du capital.
Face à cet assaut de la « droite la plus bête du monde », pour reprendre l’expression d’un social-démocrate des années 1950, la majorité socialiste du Conseil buvait du petit lait. Ainsi, Patrick Bloche, l’adjoint d’Anne Hidalgo, qui présidait la séance, a déclaré fièrement : « Ce qui me rassure, c’est que je crois au clivage entre la gauche et la droite, et vous l’avez illustré parfaitement, 150 ans après la Commune. » Anne Hidalgo et la majorité municipale ont programmé toute une série d’initiatives à l’occasion de ce 150e anniversaire.
Après tout, pourquoi pas, si cela accroit l’écho de l’anniversaire de ce moment où les prolétaires dans toute leur diversité sont montés « à l’assaut du ciel » pour reprendre l’expression de Marx, et se sont heurtés à l’impitoyable répression du pouvoir incarné par l’ignoble Adolphe Thiers (au passage, s’il y a des rues et avenues à débaptiser, ce sont en premier lieu celles qui célèbrent son nom) ?
Mais il faut se souvenir que cette majorité municipale est avant tout hégémonisée par des sociaux-libéraux (très libéraux et peu sociaux) qui, depuis des années, mènent à Paris et sur l’ensemble du territoire des politiques bien éloignées de l’action de la Commune, laquelle avait, par exemple, tenté de s’attaquer frontalement aux difficultés de paiement des loyers. Ces gens-là sont les héritiers de ces « socialistes » qui régulièrement au cours de notre histoire ont trahi les mobilisations populaires, voire les ont réprimées.
Lénine, dans l’État et la révolution, a justement écrit : « Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire. »
En cette année anniversaire, il faut s’opposer aux calomnies sur la Commune et aussi ne pas tomber dans les tentatives d’en faire une « icône inoffensive » – pour reprendre une expression de Lénine. C’est dans nos initiatives et nos luttes qu’il faut faire vivre la Commune.
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Programme des initiatives de l’association « Faisons vivre la Commune ».
Numéro spécial de janvier de l’Anticapitaliste mensuel sur la Commune de Paris, articles disponibles sur notre site.