Ce mardi 13 mai, Macron va écrire une nouvelle page du cirque médiatique, habillé des oripeaux du dialogue, au cours d’un show sur TF1, avec 100 m² d’écran, des contradicteurEs sur les questions de la jeunesse, de l’économie, de l’écologie, Sophie Binet et… Robert Ménard. Les citoyenNEs étant par ailleurs sollicitéEs pour énoncer leur « attentes ».
Cette initiative s’inscrit dans la logique marcronienne de pseudo-consultations régulièrement mises en œuvre depuis son premier mandat. Cahiers de doléances à la suite de la mobilisation des Gilets jaunes, convention citoyenne sur le climat, conseil scientifique sur le covid puis Ségur de la santé, autant de « concertations » bidons dont les propositions significatives ont été rejetées.
Un récidiviste
Le 9 juin 2024, Macron annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale dans la foulée de la publication des résultats des élections européennes : « J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ». Face à la déstabilisation de la majorité gouvernementale, Macron fait mine d’en référer au peuple français. Ce pari manqué au vu du résultat des élections législatives de juin ne va qu’accroître la fragilité du pouvoir sous la menace permanente d’une motion de censure. Après la protection de la trêve olympique, Macron se retrouve dans une situation tout aussi précaire.
Et de nouveau depuis quelques semaines refleurissent les suggestions de consultations référendaires ou non : temps de l’enfant ; usage des écrans chez les jeunes ; situation des mères célibataires ; travail ; finances publiques ; financement de la protection sociale ; pollution des villes (ZFE)... Autant de thématiques sur lesquelles le gouvernement souhaite éviter la confrontation avec l’Assemblée nationale qui devra se contenter de la fin de vie ou de la régulation de l’installation des médecins.
La République sous contrainte
C’est l’ADN de la 5e République qui porte les tentatives répétées de se libérer des contraintes parlementaires en « consultant le peuple ». Un système politique construit à partir d’un coup d’État politico-militaire, approuvé par référendum, qui réduit le débat politique à un affrontement de leaders sur le terrain de l’élection présidentielle. Confrontations politiques qui, jusqu’en mai 1981, ont gardé une réalité dans l’opposition gauche/droite et l’espérance d’un succès de la gauche. La succession des alternances a progressivement obscurci les débats politiques, rendu imperceptibles les différences d’orientations entre la gauche et la droite. Une évolution que Macron a prétendu « dépasser » mais qui, pour l’essentiel, favorise la progression de l’extrême droite.
L’échappatoire des consultations référendaires avec un bilan particulièrement contrasté fait régulièrement hésiter ceux qui font mine de nous y préparer. Si la Constitution de 1958 fut validée par référendum, la consultation de De Gaulle en 1969 sur la régionalisation ou celle de Chirac sur le traité européen de 2005 ont été des échecs condamnant leurs organisateurs au-delà du thème proposé. Cette utilisation par les électeurEs, ou plus précisément par les votantEs, pour sanctionner le pouvoir en place rend les candidats à leur mise en place plus qu’hésitants. Sans parler du sabotage quand le résultat est incertain comme pour la Nouvelle-Calédonie. Ne reste que l’agitation du vocable et de toute les formes de consultations bidons pour gagner du temps, éviter les confrontations parlementaires et surtout les mobilisations sociales… et pour poursuivre les politiques anti-sociales en toute illégitimité.
Robert Pelletier