Samedi 20 juillet, à l’initiative du comité Vérité et justice pour Adama, une nouvelle marche avait lieu à Beaumont-sur-Oise, réunissant plusieurs milliers de participantEs. Dans un contexte de fuite en avant répressive du pouvoir, cette initiative est devenue le point de ralliement de toutes celles et ceux qui refusent les violences policières.
L’acharnement continue... Depuis la mort d’Adama dans la gendarmerie de Persan-Beaumont il y a trois ans et la lutte pour la vérité portée par sa famille et ses amiEs, l’État n’a eu de cesse de pratiquer tous les harcèlements et pressions possibles afin de les faire taire. Les propres frères d’Adama en ont fait les frais, victimes d’un véritable acharnement judiciaire. Cette nouvelle journée de manifestation n’aura pas échappé à la règle : si la police et la gendarmerie ont été discrètes tout au long du parcours, elles n’ont pas hésité à arrêter, aux alentours de la ville, plusieurs cars affrétés depuis plusieurs villes, à contrôler les voyageurEs-manifestantEs, menaçant les cars d’immobilisation... La manifestation même pas commencée, il aura donc fallu que des membres du comité Adama se mobilisent pour libérer plusieurs cars !
Malgré tout, dans ce contexte marqué à la fois par la répression du mouvement des Gilets jaunes, les dernières révélation sur la mort de Zineb Redouane à Marseille et la disparition tragique de Steve Maia Caniço à Nantes (qui donnait lieu le même jour à une mobilisation locale), la manifestation a été une grande réussite.
TouTEs répriméEs, touTEs révoltéEs !
Au-delà des soutiens venus de la gauche sociale et politique – dont quelques éluEs de la FI, Geoffroy de Lagasnerie, Édouard Louis ou Frédéric Lordon (le NPA étant notamment présent avec Olivier Besancenot et Philippe Poutou) – plusieurs collectifs et militantEs investis dans la lutte contre les violences policières dans les quartiers étaient présents : le comité qui se bat pour obtenir la vérité sur la mort de Gaye Camara (ce jeune homme de 26 ans qui a reçu une balle dans la tête tirée par un policier à Épinay-sur-Seine il y a un an et demi), Sihame Assbague, Omar Slaouti… À noter aussi la présence de collectifs de sans-papiers, avec leurs slogans dynamiques et militants contre les centres de rétention ou en faveur de la régularisation.
La nouveauté de cette année, c’était bien la présence de centaines de Gilets jaunes, venus avec leurs slogans, pancartes et gilets, pour porter la colère et la volonté commune de « riposte contre l’autoritarisme » (pour reprendre le mot de l’ordre sous lequel avait été placé cette manifestation). Plusieurs personnalités issues du mouvement des Gilets jaunes comme Priscillia Ludosky ou Maxime Nicolle étaient présentes pour manifester cette volonté solidaire face à un même ennemi. Lors des prises de parole qui se sont déroulées à l’issue de la manifestation dans le quartier de Boyenval où a vécu Adama, Maxime Nicolle a d’ailleurs fait une prise de parole très applaudie : « Je suis vraiment désolé parce que les violences policières que nous subissons depuis novembre 2018, les quartiers les vivaient avant. Je suis désolé parce que je n’en étais pas conscient… »
Au final, c’est Assa Traoré qui résume le mieux le sentiment de révolte largement partagé pour toutes et tous : « Un pays sans justice est un pays qui appelle à la révolte ».
Manu Bichindaritz