Roland Balalas aura agité la semaine judiciaire marseillaise. Ancien attaché parlementaire de Sylvie Andrieux, députée PS des quartiers Nord, il est le grand absent du « procès Andrieux » qui s'est ouvert le lundi 4 mars… Accusée d'avoir détourné 740 000 euros de subventions publiques à des fins électorales, la socialiste pourrait s'en sortir de par l'absence de son ancien collaborateur, récemment victime d'un AVC. Après une semaine de procès, l'ensemble des prévenus auront donc accusé le grand absent, laissant un peu de répit à l'élue. Des décennies de clientélismeDerrière les péripéties judiciaires, c'est un système politique qui connaît une nouvelle crise. Les frères Guérini, Ciot (le nouveau dirigeant du PS13), Andrieux, Jibrayel (autre député des quartiers Nord sous le coup d'une enquête préliminaire), autant de dirigeantEs PS qui, à quelques mois des primaires locales, seraient mouilléEs dans diverses affaires. Quant aux autres éluEs, tout le monde se tient à carreau en espérant ne pas voir son nom évoqué. En résumé, le procès Andrieux c'est l'histoire de petits « caïds » locaux qui se sont vu octroyer de fausses subventions votées au conseil régional, en échange de leur participation à la campagne du « parrain » Andrieux. C'est le système du « donnant-donnant » entre éluEs et – vraies ou fausses – associations qui devrait être mis en procès : un coup de pouce sur une subvention ou un logement en échange d'une réunion publique organisée sur le quartier ou d'un collage d'affiche. Depuis l'époque de Defferre, l'ancien maire, les socialistes sont devenus maîtres en la matière. Plus qu'une sanction judiciaire, la condamnation de l'élue ne peut être une victoire qu'à la condition de relancer véritablement le débat politique. L'octroi de biens publiques restant conditionné par la relation entretenue avec l'éluE du coin, aucune refondation du système politique n'est envisageable. Il faudra mettre enfin le pouvoir décisionnel dans les mains des premierEs concernéEs : les habitantEs des quartiers. Et surtout affronter l'insécurité sociale qui maintient les associations et les habitantEs dans la précarité, les obligeant à participer à ce système. Les diverses mobilisations récentes d'associations et d'habitantEs des quartiers, choisissant la voie de l'action collective pour leurs droits plutôt que la négociation clientéliste, le réveil d'une partie de la presse locale face au retour de Bernard Tapie aux affaires, sont des points d'appui pour l'affrontement avec des décennies de clientélisme dont les Marseillais semblent dégoûtés. Kevin Vay