Publié le Samedi 6 juin 2020 à 08h50.

Municipales à Bordeaux : «Le PS ne veut surtout pas des gauchos comme nous» affirme Philippe Poutou

Publié par France Bleu Gironde. Le leader anticapitaliste engagé dans le second tour des municipales à Bordeaux "assume ses désaccords" avec la liste de Pierre Hurmic (EELV-PS). Il égratigne également la gestion de la crise du coronavirus par le maire sortant Nicolas Florian.

Philippe Poutou relance sa campagne pour le second tour des élections municipales à Bordeaux le 28 juin prochain. L’ancien candidat anticapitaliste à la Présidentielle fait partie des 3 finalistes à la tête de son collectif Bordeaux en Luttes soutenu par La France Insoumise. Avec un peu moins de 12% des voix au 1er tour, il sait qu’il aura du mal à inquiéter les deux autres candidats : le maire sortant Nicolas Florian et l’écologiste Pierre Hurmic.   France Bleu Gironde : Avec la fusion des listes de Nicolas Florian (LR) et de Thomas Cazenave (LREM), vous estimez la situation plus claire ? Philippe Poutou : Oui, on ne comprenait pas trop le doublon à droite. Avec le retrait de Thomas Cazenave, la droite se retrouve, cela fait une vraie liste de droite. D'ailleurs on n'a pas encore voté et ils se sont déjà distribué les postes. A côté, il y a une liste écologiste et socialiste, une liste de gauche libérale. Et nous on représente une gauche de combat, contestataire. Notre projet, il est sur la révolte contre une société profondément injuste. C'est aussi essayer de faire entendre les milieux populaires, les milieux précaires, les Gilets jaunes, tous ceux qui sont en difficulté et qui paient la crise actuelle. Il y a deux projets différents et deux façons de voir les choses. Il n'y avait pas d'alliance envisageable avec Pierre Hurmic ? Dès le départ on a dit que nos deux programmes étaient incompatibles. Du côté d'Hurmic et de ses collègues socialistes, ils doivent penser la même chose puisqu'ils n'ont entamé aucune démarche envers nous. La différence, c'est que nous on assume ces désaccords. On a trop de mesures qu'ils combattent comme la priorité aux services publics, les transports en commun gratuits, la réquisition des logements vides pour mettre à l'abri les plus précaires. C'est aussi l'idée de se confronter aux possédants, aux dominants, à la bourgeoisie bordelaise, ceux qui ont aujourd'hui les rênes du pouvoir entre les mains. Le PS ne veut surtout pas des gauchos comme nous, qui représentons la gauche de combat. Il y a donc deux projets différents et deux façons de voir les choses.  Comment jugez-vous l'action du maire Nicolas Florian pendant la crise du coronavirus ? C'est plus ce qui n'a pas été fait qui nous pose problème. Se balader dans Bordeaux, faire de la communication, c'est facile. Mais répondre vraiment aux besoins de la population, c'est autre chose. On reparle encore de tous ces gens en précarité, sans-abri, les migrants qui se sont retrouvés sans réponse. Heureusement qu'il y a eu des militants, des collectifs, qui ont pu apporter de l'aide alimentaire, des produits d'hygiène sinon on allait vers une catastrophe. C'est aussi un choix démocratique. La ville de Bordeaux n'a fait que répercuter le plan qui venait d'en haut, le plan de gouvernement. Il aurait fallu faire un plan qui implique la population, les milieux associatifs et militants. Cela n'a pas été fait. Il y avait vraiment d'autres réponses à apporter. Des fonds ont été dégagés par la ville pour répondre aux difficultés ? Oui mais cela n'a pas répondu aux besoins. On avait d'ailleurs demandé l'argent prévu pour le sommet Afrique-France qui devait se tenir à Bordeaux en juin. Il y avait toute une masse d'argent disponible. A l'arrivée, les maraudes n'ont pas été soutenues par la mairie. Il n'y a pas eu de locaux mis à disposition, de réquisitions à part l'auberge de jeunesse avec 60 places. On aurait pu loger tout le monde. Il y avait vraiment d'autres réponses à apporter.