Ils et elles étaient venuEs célébrer la fête de la musique dans les rues de Nantes. Chanter, danser... picoler aussi sûrement. Ils et elles ont fait la fête un peu tard, comme c’est à peu près toujours le cas lors de cette nuit du 21 au 22 juin, la plus courte de l’année. Et soudain, vers 4 h 30 du matin, les flics ont chargé. Chiens, matraques, lacrymos, des centaines de personnes en panique sur le quai Président-Wilson, au sud de l’île de Nantes. Et certainEs se sont jetés dans la Loire pour fuir les flics, dont la réputation n’est plus à faire à Nantes, l’un des laboratoires, avec Toulouse, des stratégies ultra-violentes de « maintien de l’ordre » en centre-ville.
14 d’entre elles et eux ont été repêchés par les pompiers. Mais, à l’heure où ces lignes sont écrites, un quinzième manque à l’appel. Steve, 24 ans, a disparu. Le dernier « bornage » de son téléphone portable indique qu’il était présent sur le quai Président-Wilson au moment de la charge. Nous espérons bien évidemment que Steve ne s’est pas noyé. Dans tous les cas, ce qu’a fait la police ce soir-là constitue un scandale. Un de plus.
« On était là pour faire la fête, on était tous enivrés. Heureusement, les pompiers étaient dans la Loire. », rapporte un témoin. Mais qu’a-t-il bien pu passer par la tête de celui qui a ordonné cette charge, sur un quai sans barrières, en pleine nuit ? On ne le sait pas encore, mais une chose est certaine : cet épisode de violence policière s’ajoute à la longue, à l’interminable liste des méfaits commis par des flics animés par un tel sentiment de haine et d’impunité qu’ils n’hésitent pas à mettre en danger des vies, à blesser, à mutiler, à tuer.
Alors que « l’affaire » de Nantes était révélée sur les réseaux sociaux, les autorités se sont dans un premier temps murées dans le silence. Et, petit à petit, à mesure que les témoignages s’accumulaient, la préfecture a été obligée de communiquer, et même d’ordonner une enquête de l’IGPN. Peu d’espoir qu’elle aboutisse, mais cela ne fait aucun doute : ce qui s’est passé à Nantes le soir du 21 juin n’est pas un accident ou une « bavure ». Et on ne l’oubliera pas.
On n’oubliera pas, et on ne se laissera pas faire. Parce que nous revendiquons le droit de manifester, mais aussi de faire la fête sans risquer d’être cognéEs par les flics. Parce que nous refusons la gouvernance autoritaire de Macron. Parce que la rue, elle est à nous.
Julien Salingue