Nicolas Hulot a annoncé sa démission sur France Inter le mardi 28 août. Au moment de faire les bilans, il est peu dire qu’il n’aura pas servi à grand chose.
Lui-même le reconnaît : « Est-ce que nous avons commencé à réduire les gaz à effet de serre, l’utilisations des pesticides, l’érosion de la bio-diversité, l’artificialisation des sols ? La réponse est non. »
Hulot n’a servi a rien
Sur tous les sujets, la stratégie de Hulot aura prouvé son incapacité à changer les choses. Aucune victoire, même la plus petite, n’est à mettre à son actif. Pire : il a autorisé l’usine des 6 500 porcs à Escoubès, facilité l’implantation des antennes relais, soutenu l’extension d’Euro Disney, relancé Europa City et approuvé la réforme de la SNCF qui réduit le fret ferroviaire à une peau de chagrin… Les paysans lui doivent l’arrêt des aides au maintien en bio. Il n’a pas interdit le glyphosate, comme au Danemark, en Suède, aux Pays-Bas et à Malte. Et il a même prévu des dérogations à sa loi, au-delà des trois ans.
À cette liste non exhaustive, il faut ajouter qu’Hulot a reporté la fermeture de Fessenheim, accepté l’EPR, signé la baisse des budgets des agences de l’eau, validé les contournements autoroutiers de Strasbourg et de Rouen, sans parler du fait qu’il a soutenu les expulsions violentes de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et de Bure, légitimant ainsi la répression. Un symbole des renoncements et de reniements.
Des amitiés bien placées
Dans son interview sur France Inter, Hulot a timidement mis en cause le néolibéralisme, en expliquant qu’« on s’évertue à entretenir un modèle économique responsable de tous ces désordres ». Pourtant, tout de suite après, c’était pour mieux déclarer son amitié à Macron et aux membres du gouvernement, en souhaitant tout faire pour ne pas leur nuire. Il faut sans doute y voir la contradiction principale de la stratégie de Hulot : adopter parfois des positions antilibérales, tout en appartenant à des milieux capitalistes.
Deuxième ministre le plus riche du gouvernement après Pénicaud, il déclarait en 2017 plus de 7,2 millions de patrimoine. Le contrat passé en 1997 avec TF1 pour l’émission Ushuaïa lui a assuré plus de 30 000 euros par mois jusqu’en 2011 et il encaisse toujours, via sa société Eole Conseil, de l’argent sur chaque gel douche, déodorant ou shampooing vendu. C’est sans nul doute pour ne pas nuire à ses amis, ceux qui ont tant fait pour la bonne santé de son compte en banque, que Hulot reste si complaisant envers le gouvernement et les capitalistes, et qu’il se contente d’exprimer sa tristesse de ne pas avoir su convaincre...
L’écologie n’est pas Macron-compatible
Après l’affaire Benalla, le départ de Hulot signifie l’effondrement d’un autre pan de la communication gouvernementale, révélant plus encore sa réalité antisociale, antidémocratique et productiviste.
Pourtant, dans un futur proche, cela ne va pas empêcher le gouvernement d’abroger la loi de transition énergétique, qui fixait pour 2025 l’objectif de 50 % de nucléaire dans le « mix énergétique ». EDF a déjà dicté ses propres conditions pour en rester aux 75 % actuels, éloignant toute perspective de baisse du nucléaire : entre autres la construction de six EPR en plus de celui qui n’en finit pas à Flamanville, comme le préconise un rapport d’experts commandé par… Hulot.
C’est pourquoi, avec ou sans Hulot, l’important sera la capacité collective à se rassembler face aux destructions sociales et écologiques. La victoire à Notre-Dame-des-Landes a montré que les populations en mouvement sont porteuses d’alternatives. Elles expriment la volonté de vivre dans un monde débarrassé du productivisme et des diktats de la croissance, et ouvrent des pistes pour sortir du capitalisme.
Le samedi 8 septembre aura lieu une marche pour le climat dans plusieurs villes de France. Ce sera l’occasion d’y exprimer nos préoccupations écologiques, notre rejet de la logique capitaliste du profit à court terme et, à l’opposé des larmes de crocodiles versées par Hulot, notre volonté de nuire à ce gouvernement criminel.
Commission nationale écologie