Après la débâcle du PS à la présidentielle et aux législatives, les projets de refondation pour une « nouvelle gauche » fleurissent.
C’est ainsi que Benoît Hamon, le candidat du PS à la présidentielle, battu à plates coutures dès le premier tour avec 6,3 % des suffrages exprimés, a lancé samedi son mouvement « du 1er juillet » dont il entend faire « un initiateur, une des poutres, des états-généraux de la gauche ». Devant 11 000 personnes venues le soutenir sur la pelouse de Reuilly, à Paris, il a annoncé son départ du PS. « Je quitte un parti, a-t-il déclaré, mais je n’abdique pas l’idéal socialiste ».
Trois jours auparavant, le 27 juin, c’était Manuel Valls qui annonçait son départ, avec grandiloquence : « Je quitte le PS, ou le PS me quitte ». Depuis son élection acquise d’extrême justesse, et contestée, dans la circonscription d’Évry, il cherchait un point de chute dans le groupe des élus macronistes, après avoir exploré la possibilité de créer le sien propre. Il aura finalement été accepté par LREM mais à condition de démissionner du PS et seulement en tant qu’apparenté.
Floraison de projets
« La déroute du Parti socialiste est sans appel [...] La gauche doit tout changer. La forme comme le fond. Ses idées comme ses organisations. Elle doit ouvrir un nouveau cycle », disait Cambadélis, le secrétaire général du PS, en démissionnant de son poste dès le lendemain des législatives. Le Conseil national du 24 juin a voté très majoritairement une motion affirmant que le PS serait dans l’opposition par rapport à Macron : « Nous nous situons clairement dans l’opposition au gouvernement d’Edouard Philippe. Nous ne voterons pas la confiance à ce gouvernement. » Résolution démentie presque aussitôt par Olivier Faure, patron des 31 députés PS qui ont choisi de s’appeler la «Nouvelle gauche » : il faudra être « vigilant » mais aussi « constructif » par rapport au gouvernement.
Tandis que le Conseil national a décidé de la mise en place d’une direction collégiale qui devrait être désignée lors d’un prochain Conseil national, le 8 juillet, celles et ceux qui n’ont pas quitté le navire ont lancé plusieurs amorces de courants : Arnaud Montebourg, avec « Inventons la gauche nouvelle », Najat Vallaud-Belkacem, avec « Réinventer la gauche de demain », enfin, Anne Hidalgo, Martine Aubry et Christiane Taubira ont lancé « Dès Demain », un « grand mouvement d’innovation pour une démocratie européenne, écologique et sociale ».
Toutes et tous tournéEs vers l’avenir sans dire un seul mot et tirer les bilans du passé.
Le mirage du congrès d’Epinay
« Le parti socialiste a peut-être fait son temps. Il a eu des heures glorieuses. Ma conviction est qu’aujourd’hui il est temps de tourner une page pour nous inscrire dans un processus comparable à celui d’Épinay », déclarait Benoît Hamon samedi dernier. En 1971, lors de ce congrès, Mitterrand réussissait son OPA sur un Parti socialiste moribond, parce que responsable des sales guerres coloniales de l’État français, et se refaisait lui-même une virginité grâce à l’appui du Parti communiste au sein de l’Union de la gauche. Dix ans plus tard, il était élu président de la République.
Le PS a pu renaître de ses cendres grâce à l’existence et l’appui du PCF, un parti fortement implanté dans la classe ouvrière, qui a mis ses militantEs et son crédit au service des ambitions de Mitterrand – lequel s’était juré de réduire son influence – et de ses propres dirigeants. Le PCF faisait 21 % des voix lors de la présidentielle de 1969 alors que Gaston Defferre, candidat socialiste, n’obtenait que 5 % des voix. Le PCF ressortira laminé de ses participations au premier gouvernement de l’Union de la gauche de 1981 à 1984, puis au gouvernement Jospin en 1997, perdant la plupart de ses militantEs, démoraliséEs par ses reniements, et son crédit dans la classe ouvrière.
Inutile de dire que La France insoumise d’un Jean-Luc Mélenchon, qui prétend vouloir remplacer le PS pour installer, comme il l’avait dit avant les législatives, une cohabitation avec le président Macron, serait bien incapable de s’écarter d’un iota de la politique que lui dicteraient alors les grands groupes financiers et industriels.
Pour toutes celles et ceux qui placent leurs espoirs de changement dans la renaissance d’une gauche, il n’y a d’avenir que dans la construction d’un parti des travailleurs, anticapitaliste et révolutionnaire.
Galia Trépère