Les dirigeants du PS, revigorés par leur victoire aux régionales, sont cependant mis face à leurs contradictions.La victoire du PS lors des dernières élections régionales a été suffisamment spectaculaire pour que les dirigeants socialistes considèrent à nouveau crédible un retour au pouvoir de leur parti en 2012. La première conséquence de ces ambitions retrouvées est l’effort fait pour redéfinir des propositions, voire… un « programme » ! Les propositions des treize groupes de travail en charge de l’organisation de la prochaine convention socialiste sur le « nouveau modèle de développement » ont été mises en ligne.
En règle générale, la soumission aux dogmes libéraux a un peu cédé la place à un certain volontarisme en matière économique et à un discours « plus à gauche » de nombre de dirigeants du PS. Mais encore faut-il y regarder de plus près : parmi les mesures en débat les plus en vue, on trouve notamment la fusion de la contribution sociale généralisée (CSG) et de l’impôt sur le revenu. Ce qui constituerait une nouvelle étape dans l’étatisation de la protection sociale. Ou encore, pour financer cette même protection sociale, l’augmentation du barème de la CSG payée par les retraités (imposables) ! D’ailleurs, la perspective d’attaques gouvernementales et patronales sur les retraites a constitué un bon révélateur des évolutions du PS et de leurs limites. On se souvient de la première réaction de Martine Aubry, envisageant allègrement le recul de l’âge de la retraite à 61 ou 62 ans… avant de faire marche arrière suite au tollé déclenché par sa déclaration. Mais la ligne officielle – défense de la retraite à 60 ans et recherche de nouvelles sources de financement – ne fait pas l’unanimité. Manuel Valls mais aussi François Hollande considèrent qu’il faut « adapter la durée de cotisation » et que « si nous vivons plus longtemps, nous travaillerons plus longtemps ». Reste que, bon an mal an, Martine Aubry et les dirigeants PS sont repartis à l’assaut du sarkozysme et de son bouclier fiscal. Laurent Fabius en profite pour revisiter le passé : « Cette résignation, ce fut le social-libéralisme, une sorte de pâté d’alouettes : on voit bien en quoi il est libéral, pas trop en quoi il est social ». Autant d’errements dont, évidemment, il s’absout aisément ! Benoît Hamon agite, lui, le contre-exemple grec : pas question qu’un retour de la gauche au pouvoir se traduise en France par des mesures d’austérité sociale contre les couches populaires comme celles que met aujourd’hui en œuvre le gouvernement Papandréou ! Mais François Hollande tente de doucher ces ardeurs : la gauche devra bien rétablir l’équilibre des finances et, en conséquence, « nous n’avons pas besoin d’en promettre tant et plus » ! Un vrai cri du cœur… En fait, il semble bien que les dirigeants socialistes soient condamnés à cette valse-hésitation entre promesses et « réalisme ». Des promesses sociales (plus ou moins) généreuses pour regagner les suffrages des couches populaires frappées par la crise et qui veulent que leur situation s’améliore. Et du « réalisme » gestionnaire pour continuer à être – aux yeux des décideurs économiques – une solution de rechange à une droite en perte de vitesse. Il ne s’agit pas seulement d’une répartition des rôles entre les principaux futurs candidats à la candidature (présidentielle), même si les uns privilégient plutôt un discours social alors que d’autres creusent le sillon de l’alternance « responsable ». C’est un vrai dilemme politique : son incapacité passée à le résoudre a déjà conduit le PS à plusieurs défaites majeures consécutives. François Coustal