La préparation du 36e congrès du PCF vient de franchir une nouvelle étape avec le vote des militantEs sur la plate-forme qui servira de « base commune pour la discussion ». Quatre textes ayant rassemblé chacun plus de 200 signatures venant de 10 fédérations différentes étaient soumis au vote.Ces textes font partie d’une grosse brochure de 72 pages, contenant aussi des projets d’amendements aux statuts et des contributions, et ont été envoyés parfois très tardivement à tous les militantEs. Le texte majoritaire au Conseil national, « Il est grand temps de rallumer les étoiles, humanifeste du PCF à l’aube du siècle qui vient » a recueilli 73,15 % des votantEs. Ce long document qui prône une « révolution citoyenne » appelle, au nom de la majorité de gauche, à un changement de cap de la majorité gouvernementale. En revanche, en dehors de généralités anticapitalistes souvent justes, il laisse cinq débats ouverts sous forme de fenêtres. Des questions aussi marginales que les rapports avec le gouvernement ou la structuration du Front de gauche…Des oppositions internesLe premier texte alternatif a reçu 11,08 % : « Unir les communistes pour un PCF de combat marxiste populaire et rassembleur ». Il se prononce pour un Front de gauche qui doit rester un cartel, avec un PCF plus audacieux et plus marxiste. CertainEs de ses signataires se trouvaient lors du congrès précédent avec les signataires d’une autre plate-forme assez proche intitulée « Un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe. Ni abandon ni effacement ». Ceux-ci vont plus loin dans l’orthodoxie et n’hésitent pas à défendre le socialisme de l’URSS, demandant carrément à ce que le PCF quitte le Front de gauche, un front réformiste dans lequel il se noie. Ce texte n’a recueilli que 5,82 % des voix.Enfin reste le troisième texte alternatif : « Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme » du groupe « La riposte », texte qui a rassemblé 9,95 % des voix, soit beaucoup moins qu’au dernier congrès. Ce document très habile se veut « anti-stalinien » de gauche avec parfois des analyses proches du trotskysme. Mais fidèles au PCF, les signataires défendent la construction du Front de gauche et ce qu’ils croient être sa dynamique. En revanche, ils reprochent à la direction du PCF de ne pas assez faire apparaître le parti, et donc d'après eux les idées communistes et révolutionnaires.Et beaucoup d'interrogations sur la suiteDésormais, les militantEs sont appeléEs à amender le texte majoritaire et ses cinq fenêtres. Il est clair que malgré sa crise, le PCF avec ses 8 000 éluEs conserve encore un sentiment légitimiste très fort dans un parti affaibli. La direction annonce 63 722 militantEs à jour de cotisation, dont 34 512 votants (1 037 nuls). Certes, environ 25 % des votants se sont prononcés, même de façon confuse, pour une orientation plus radicale. Mais le plus important ce sont les interrogations d'une grande partie des militantEs, notamment dans les entreprises. L’acrobatie des dirigeantEs du PCF qui se disent « opposants à la politique du gouvernement mais pas dans l’opposition » commence à énerver bon nombre de communistes écœurés par la politique du PS, et inquiets de la politique abstentionniste des députés du Front de gauche sur les questions décisives, sans parler d’une méfiance accrue à l’égard de Jean-Luc Mélenchon.Raison de plus pour engager partout où cela sera possible le débat et l’action commune avec nos camarades du PCF.Alain Krivine
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