Publié le Samedi 7 décembre 2013 à 14h46.

Premier décembre : et maintenant ?

Quoi qu’en disent ses organisateurs, la manifestation du 1er décembre à l’initiative du Front de gauche, à laquelle s’étaient joints le NPA et Lutte ouvrière, a rassemblé entre vingt et trente mille personnes selon les journalistes.

Annoncer 100 000 manifestantEs (Jean-Luc Mélenchon) ou 70 000 (PCF), avec la volonté d’afficher un nombre bien plus important que le rassemblement de la veille à Carhaix, alors qu’à l’évidence ces chiffres sont excessivement surévalués, aura comme seul effet d’atténuer la portée politique de cette manifestation. Car un des objectifs du Front de gauche était d’opposer les deux mobilisations, pour « ne pas laisser la rue aux bonnets rouges ».C’est le ferment de la division que continuent d’instiller les dirigeants du Front de gauche. Car comment ne pas comprendre que le rassemblement de Carhaix, comme les manifestants « pour la révolution fiscale et contre la hausse de la TVA », expriment un large mécontentement contre la politique du gouvernement, une colère contre l’injustice fiscale et contre les suppressions d’emplois ?Notre volonté commune de disputer à la droite et à l’extrême droite l’expression du malaise social suppose au contraire de chercher à unifier sur des bases anticapitalistes et antigouvernementales un mouvement de révolte profond. Cela sans craindre d’y intégrer les « particularismes », quand ils expriment le sentiment d’injustice fait à une région entière.

S’opposer jusqu’au boutCette continuité a conduit le NPA à participer à cette manifestation du 1er décembre, militante, colorée, où beaucoup partageaient le plaisir de se retrouver ensemble contre la politique du gouvernement. Pour y porter aussi des revendications et des perspectives, car comme l’a dit Christine Poupin dans son intervention : « Quand on a un gouvernement de gauche qui mène une politique de droite, il faut lui réserver le même sort qu’à un gouvernement de droite, il faut l’affronter… Il n’y a qu’une voie, c’est celle de la convergence des luttes, celle des mobilisations pour empêcher les régressions sociales pour empêcher l’austérité ». Comment faire ? « Pour cela, il faut construire à la gauche de ce gouvernement une opposition et ça c’est de notre responsabilité. Une opposition de gauche qui défende effectivement l’interdiction des licenciements, qui défende la réduction massive du temps de travail… ».La proposition d’une nouvelle journée de mobilisation a été faite par Jean-Luc Mélenchon qui se dit dans l’opposition. Le PCF annonce des « états généraux de la fiscalité » et appelle à la mobilisation. LO s’adresse à « tous ceux qui refuse à la droite et à l’extrême droite le monopole de la contestation de la politique du gouvernement » Au-delà des tiraillements perceptibles entre les principales composantes d’un Front de gauche qui n’a pas encore clarifié son attitude vis-à-vis du gouvernement, il est urgent de tracer ensemble la perspective d’une mobilisation de rue contre l’austérité et de la convergence des salariéEs des entreprises confrontées aux licenciements.

Côme Pierron