Après la débâcle des municipales, le parti au pouvoir panique. Exfiltration du soldat Désir en direction du gouvernement, affaire Morelle et trouble des parlementaires, qui dit mieux ?
Après la raclée électorale des municipales, une centaine de députés issus de la gauche du PS avaient demandé un nouveau « contrat de majorité », mais seulement onze d’entre eux s’étaient abstenus lors du vote de confiance à Valls. A priori, cela n’a pas été suffisant pour le « changement de cap » espéré par de nombreux députés de la majorité. En dévoilant son plan d’économies de 50 milliards, Valls a confirmé qu’il n’y avait aucun changement et au contraire, un approfondissement de la politique d’austérité menée depuis deux ans. La nomination « par en haut » de Cambadélis comme premier secrétaire du PS et l’affaire Morelle ont accentué ces derniers jours la « crise » au Parti socialiste.
La « République exemplaire » prend l’eauLes révélations de Mediapart concernant les conflits d’intérêts d’Aquilino Morelle – conseiller de l’Élysée et grand manitou du dernier remaniement – avec des laboratoires pharmaceutiques, met à mal une nouvelle fois le pouvoir après l’épisode Cahuzac. Cette nouvelle affaire vite réglée par l’Élysée avec la démission de Morelle deux jours seulement après les révélations, accentue la crise au sein du Parti socialiste et en particulier auprès des éluEs. D’autant que cette affaire, touchant un très proche de Hollande et de Valls, tombe au moment où d’autres nominations font débat, comme celle de Cambadélis à la tête du PS par l’Élysée et Matignon, celle de Jouyet, ancien ministre de Sarkozy et ami de Hollande, au poste de secrétaire général de l’Élysée ou encore la nomination à l’Inspection générale des affaires sociales (d’où vient Aquilino Morelle...) de Dominique Voynet, l’ancienne maire écologiste de Montreuil. Une promotion violemment dénoncée par Claude Bartolone qui est « un regrettable accroc à la République irréprochable que nos compatriotes appellent de leurs vœux ». Mais c’est sans aucun doute l’annonce du plan de 50 milliards d’économies qui a mis le feu aux poudres.
Rupture ou diversion ?Valls a donné la mesure de son savoir-faire, en annonçant son plan d’économies. Face à ces annonces, les députés de la majorité grondent et onze d’entre eux représentant plusieurs courants du PS ont écrit au Premier ministre. Ce courrier est porteur de propositions « réorientant à gauche » la politique de la majorité, et remet en cause l’accentuation de la politique d’austérité. Mais on est loin d’une rupture avec cette politique, puisque dans ce courrier, il est précisé : « Au-delà de 35 milliards, nous croyons que reculs sociaux et mise à mal des services publics seront inéluctables ». Bref, la fronde n’est en fin de compte qu’une négociation et ces éluEs exigent des « contreparties » au Pacte de responsabilité dicté par le Medef, mais en aucun cas, il ne s’agit d’une remise en cause, d’une rupture avec la politique menée. Ces députés peuvent donc s’agiter, tempêter, menacer, il y a peu de chance qu’il s’oppose réellement en votant « contre » dans quelques jours : la politique d’austérité sera bel et bien appliquée avec peut-être quelques concessions... Face au Pacte de responsabilité, au plan d’austérité de 50 milliards, il n’y a place ni pour les gesticulations, ni pour l’abstention, ni pour les hésitations :il faut s’opposer au gouvernement et le faire reculer !
Sandra Demarcq