En 2020, Darmanin suffoquait : « Quand j’entends le mot violences policières, personnellement je m’étouffe ». Ce dernier lundi 24 juillet, c’est le directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux qui déclarait que « savoir le policier en prison [l’empêchait] de dormir » après le placement en détention d’un policier marseillais dans le cadre d’une enquête sur des violences policières considérant « qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail ». Une déclaration qui suivait une véritable manifestation de policiers marseillais lors de la mise en examen de leurs collègues.
Cette réaction s’inscrit dans une dangereuse escalade des prises de position face à la multiplication des révélations des violences policières. Déjà, après la mise en examen du policier qui a tué Nahel, le syndicat Alliance se permettait de déclarer que « le policier, comme tout citoyen, a le droit à la présomption d’innocence », critiquant les réactions pourtant mesurées de Macron. Dans la foulée, ce même syndicat s’associait à l’UNSA Police dans un communiqué qui multipliait les expressions provocatrices : « Hordes sauvages », de « nuisibles », « chienlit » subie « depuis des décennies », « les policiers sont au combat car nous sommes en guerre. Demain nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience ».
Il n’y a là rien d’étonnant dans une profession dont plus de 60 % des membres ont voté pour l’extrême droite lors de la dernière élection présidentielle. Si les magistrats directement concernés se replient derrière la légalité de la procédure et la possibilité de recours, leurs syndicats majoritaires s’inquiètent du fait qu’« un degré a été franchi dans la gravité et dans la remise en cause de l’institution judiciaire. »
Le plus inquiétant réside dans la discrétion des membres du gouvernement s’exprimant par tweet pour le pourtant expansif Dupont-Moretti, silencieux pour Darmanin. Emmanuel Macron, de son côté, affirmait lundi comprendre « l’émotion » des policiers.
En difficulté au Parlement, rejeté par le monde du travail, le pouvoir est dans l’incapacité de s’opposer aux dérives, qu’il favorise largement, d’un appareil policier plus que jamais sous influence de l’extrême droite et menaçant même de se dégager des lois de leur République.