Publié le Mercredi 2 octobre 2024 à 15h00.

Réformes des retraites : une question politique

La presse bien-pensante le martèle depuis plusieurs semaines : environ 850 000 retraitéEs, qui perçoivent une retraite de base « ne dépassant pas 847,57 euros par mois » avec une carrière complète, bénéficieront d’une augmentation de leur pension d’en moyenne 50,94 euros par mois. 600 000 autres retraitéEs ayant déjà bénéficié de cette revalorisation en septembre 2023. Maigre consolation ! Puisque deux millions de seniors vivent sous le seuil de pauvreté, vient d’annoncer un récent rapport. Ce sont donc des personnes de 60 ans et plus dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté monétaire. Celui-ci est fixé à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 216 euros par mois pour une personne seule, 1 824 euros pour un couple. Selon l’Insee, la pauvreté a augmenté. Elle touchait 10,6 % des 65-74 ans en 2022, contre 7,5 % en 2017. 

Les critiques contre le système de retraites actuel, bien que réformé, demeurent. Ainsi, selon un article du Monde, paru le 13 septembre 2024 : « Le rapport démographique est assez clair. En 1981, on comptait 5 millions de retraités. Ils sont 17 millions aujourd’hui, et seront 23 millions en 2050. En moins d’un demi-siècle, le nombre de retraités a plus que triplé, conduisant à une charge budgétaire de plus en plus lourde ». Pourtant, dans le dernier rapport du COR (Comité d’orientation des retraites), dont la direction a été virée après ses positionnements critiques lors de la dernière bataille contre la réforme des retraites au printemps 2023, les évolutions restent modérées. Si les ressources étaient légèrement en baisse à l’horizon 2070, la part des dépenses passerait de 13,4 % du PIB en 2023 à 13,2 % en 2070.

Le problème qui est posé au gouvernement Barnier est celui d’un pays vieillissant, où le vote des plus âgéEs — qui vont deux fois plus aux urnes, les plus de 65 ans représentant un tiers des votantEs — pèse mécaniquement davantage et constitue un socle incontournable pour la macronie, de plus en plus grignoté par le vote Rassemblement national. 

Au total, Michel Barnier, même s’il voulait répondre aux besoins des plus pauvres ne dispose, au regard des équilibres de l’Assemblée nationale, d’aucune marge de manœuvre. Pas plus qu’il n’en dispose pour réduire le déficit public, malgré sa volonté affichée et les annonces contradictoires des responsables de la fragile majorité qu’il pense pouvoir préserver.