Le bilan de la finale de la Ligue des champions entre le PSG et l’Inter de Milan est particulièrement lourd : 563 interpellations, deux morts, des dizaines de blesséEs. Pourtant la préfecture avait mobilisé le ban et l’arrière-ban des forces de répression : 5 400 policiers sur le pied de guerre, dont les BAC, les compagnies d’intervention et les sinistres BRAV-M.
Trois ans après le désastre du match Liverpool-Real Madrid au Stade de France, ce bilan aurait dû conduire à la démission du ministre de l’Intérieur ou, au moins, au limogeage du préfet de police de la capitale.
Il n’en est rien. Au contraire, Nuñez et Retailleau, qui n’ont pas eu un mot pour les deux personnes décédées et les blesséEs, sont toujours en place.
Le soir même Nuñez déplore les « dégradations de commerces » et pointe les « milliers de personnes qui sont venues pour commettre des exactions » tandis que Retailleau dénonce les « barbares venus dans Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre ».
Le lendemain rebelote, l’ex-cavalier bénévole du Puy-du-Fou en remet de couche bien réactionnaire sur le thème des « barbares » et de la « fabrique de barbares […] engendrée par une société qui a déconstruit […] l’autorité, le respect et la hiérarchie ». Sarkozy avait inventé les « racailles », Chevènement les « sauvageons », Retailleau se voit en légionnaire romain repoussant les invasions barbares…
Barbare, un mot qui sert à diviser, à séparer les « gens bien », blancs de préférence dans l’esprit du très catholique Retailleau, et les barbares. Un mot raciste, car les barbares bien sûr ce sont les autres, au sens très large, les jeunes des quartiers populaires, les banlieusardEs qui ne peuvent venir à Paris que pour « piller » les quartiers riches, et plus largement les NoirEs, les Arabes, les migrantEs, les musulmanEs.
Le jour même du match, un homme blanc de 53 ans, de nationalité française, décomplexé par le racisme qui s’exprime sur les chaînes d’info comme aux plus hauts sommets de l’État, passait à l’acte et assassinait un de ses voisins d’origine maghrébine et en blessait grièvement un autre. Retailleau a sa part dans cette fabrique du racisme, de la violence et du fascisme qui guette. Qu’il dégage !