Après trois motions de censure le 6 et le 10 février, le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale sont validés. À peine différents de ceux présentés par Barnier cet automne.
Le gouvernement Bayrou, qui veut ramener le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, a coupé dans le budget de plusieurs ministères : l’aide publique au développement, l’écologie, la culture, l’agriculture, la recherche et l’enseignement supérieur (voir l’Anticapitaliste n° 740 du 6 février). Quelques gestes sur la prévention des catastrophes naturelles, le Fonds vert ou le budget des Outre-mer. Les collectivités locales perdent, elles, toujours 2,2 milliards d’euros.
Des mesures qui pèsent sur le plus grand nombre
Un effort temporaire sur l’impôt sur le revenu des ménages les plus aisés devrait ramener environ 2 milliards d’euros. La « contribution exceptionnelle » (pour cette année seulement) sur les bénéfices des grandes entreprises représenterait 8 milliards d’euros.
La TVA sur les abonnements au gaz et à l’électricité sera relevée de 5,5 % à 20 % au 1er août, tandis que la taxe sur les transactions financières passe à 0,4 %. Pas d’erreur pour un gouvernement de droite !
Pour tenir compte de l’inflation, le budget revalorise de 1,8 % les tranches du barème de l’impôt sur le revenu. Cette mesure permet à 619 000 contribuables de ne pas devenir imposables, selon le ministère de l’Économie et des Finances. Charitable ! En revanche, toujours pas de rétablissement de l’ISF. Toujours pas non plus de barème progressif de l’impôt… loin pourtant d’être révolutionnaire !
La mesure de baisse du seuil d’exemption sur la TVA à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel (contre 37 500) pour les auto-entrepreneurs a été retirée.
Si le gouvernement a renoncé à étendre à trois le nombre de jours de carence des fonctionnaires en cas d’arrêt maladie, le taux d’indemnisation est ramené à 90 % au lieu de 100 %. C’est la double peine : malade et moins rémunéré !
Un gouvernement raciste et austéritaire
Le budget de l’AME (aide médicale d’État) est diminué de 111 millions d’euros par rapport au budget de Michel Barnier, pour le maintenir au niveau de 2024 (environ 1,3 milliard). Une baisse symbolique pour un Premier ministre qui évoque un débat sur ce qu’est « être français » et le « droit du sol ». Un droit remis en cause par Pasqua en 1993 lorsqu’il était dans le gouvernement Balladur… avec Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale. Une façon pour Bayrou de servir la soupe à toutes les politiques d’extrême droite.
Bayrou laisse libre cours à Retailleau et Darmanin, que ce soit en matière d’immigration ou de justice des mineurEs.
La censure, un outil !
Celles et ceux qui, comme le Parti socialiste, ont permis à ce budget de s’imposer au nom de la responsabilité ne peuvent pas se prévaloir de représenter les intérêts de la jeunesse et de la classe ouvrière dans son ensemble. La ligne de crête sur laquelle ces députéEs marchent est si étroite qu’elle les jette à tout moment dans les bras de la macronie à force de vouloir se démarquer de la formation de Jean-Luc Mélenchon. Ainsi en va-t-il de l’extrême polarisation politique, reflet du conflit bien tangible entre capital et travail, entre profits et biens publics.
LFI, de son côté, peut se targuer de tenir la digue face à la cohérence des attaques de la droite et de l’extrême droite et d’être utile à notre camp social sur un plan institutionnel. À l’évidence, il manque à cette gauche qui se divise, s’oppose par voie d’affiches, non pas un programme — il y a celui du NFP — mais un soutien de masse à ce programme, des soutiens militants et unitaires qui se voient dans la rue et dans les mobilisations, s’organisent, se syndiquent et permettent de dépasser les appareils et leurs chefs. C’est ce grand front que nous devons construire.
Fabienne Dolet