« L’éventuelle extradition de ces vieux réfugiés italiens en France n’a rien à voir avec le mot justice » : tel est le titre d’une récente tribune d’Erri de Luca, écrivain et poète italien, publiée dans le Monde.
ArrêtéEs à l’aube par la police française le 28 avril 2021, les 10 ancienEs militantEs italiens, qui vivent et travaillent, en toute légalité, en France depuis des décennies, font l’objet d’une procédure d’extradition à la demande du gouvernement italien.
« Otages judiciaires de petits arrangements entre États »
Plusieurs réactions de solidarité et d’indignation ont eu lieu face à un tel traitement par le gouvernement français vis-à-vis de personnes vivant paisiblement en France depuis près de quarante années. Une tribune signée par 300 personnalités, philosophes, artistes, etc., réclamait ainsi leur liberté et l’arrêt des poursuites à leur encontre. « En menant à terme la procédure d’extradition de 10 exilés politiques italiens », l’État français serait « complice d’une opération de réécriture de l’histoire ».
Depuis, dix mois ont passé. Ils et elles sont toujours placés sous contrôle judiciaire, doivent aller pointer toutes les semaines au commissariat et vivent dans la hantise d’être extradéEs, ce qui équivaudrait, compte tenu de leur âge, à une condamnation à la prison jusqu’à la fin de leur vie en Italie.
Plusieurs audiences ont eu lieu. Le tribunal a demandé à l’État italien des compléments d’information sur les dossiers et des traductions en français qui manquaient et n’ont été que partiellement fournis.
La reprise des audiences va avoir lieu les 23 mars, 30 mars, 6, 13 et 20 avril 2022 ; elles devraient se prononcer sur la demande d’extradition.
Le Syndicat des avocats de France et la LDH ont manifesté leur opposition à toute décision d’extradition : « Ces dix-là ont simplement été condamnés plus tard que les autres, au hasard d’un calendrier judiciaire et des déclarations de repentis nécessairement arbitraires. Ils sont devenus les otages judiciaires de petits arrangements entre États. »
Notre solidarité doit être totale, et nous devons refuser la forfaiture judiciaire et la remise en cause de l’accueil que ces militantEs ont eu pendant 40 ans ! Non à cette violence d’État !
Une conférence de presse était organisée par la LDH et les familles des asiléEs italiens le mercredi 9 mars à 14 heures au siège de la LDH. Un repas de soutien, dont la recette sera versée pour les frais d’avocats, aura lieu le dimanche 13 mars à la Cantine des Pyrénées (77 rue de la Mare, Paris 20e).