Le gouvernement, via son ministère de l’Intérieur, met en scène l’annonce d’une diminution cadencée de la mobilisation contre ses lois liberticides : 133 000 manifestantEs le 28 novembre, 57 350 le 5 décembre et 26 417 le 12 décembre. Outre la blague du décompte à l’unité — serait-ce le résultat de l’activité de drones ? — et de la division par deux qui tombe presque juste, il suffit de de discuter avec des collègues de travail, des voisinEs ou la famille pour mesurer que le gouvernement est loin d’avoir gagné la bataille de la conviction.
Par contre, adossé à des médias qui relaient les dénonciations des « casseurs ultra-violents » par des organisations de policiers qui n’ont de syndicales que le nom, tant leurs argumentations vont ramasser dans les caniveaux de l’extrême droite, le gouvernement joue la stratégie de la tension. La tension idéologique tout d’abord, en procédant par assimilation pour effacer son illégitimité. De larges pans du monde du travail, de la jeunesse se reconnaissent dans les manifestantEs contre les lois liberticides, mais les manifestantEs sont complices des « black blocs » qui sont l’ « ultra-gauche » qui met les villes à feu et à sang, empêchant les petits commerces d’ouvrir et se rendant responsable de leur faillite…
Tension physique, policière et judiciaire également : ces dernières semaines, le ministère de l’Intérieur a utilisé les manifs parisiennes pour montrer qu’il pouvait, par quelques images d’abribus, tenter de disqualifier une manif de masse, empêcher, le 5 décembre, une manif d’aller à son terme ou transformer, le 12 décembre, une manif en une nasse dans laquelle la police peut sauter sur n’importe quel manifestantE en matraquant tout autour. Des dizaines de personnes ont été blessées, placées 24 h en garde à vue suite à des arrestations arbitraires, voire déférées après cette intervention « préventive », pour que Darmanin puisse rouler des mécaniques en proclamant : « Force est restée à la loi. Plusieurs centaines de casseurs étaient venus pour commettre des violences. La stratégie de fermeté anti-casseurs — 142 interpellations et encadrement du cortège — a permis de les en empêcher, de protéger les commerçants ». En espérant que ce sera dissuasif pour les manifs à venir.
« La rue elle est à qui, elle est à nous ! » : pour que ce slogan ne reste pas suspendu en l’air, nous devrons être capables de réunir et d’organiser les forces de celles et ceux qui, déjà organisés ou non, veulent combattre Macron, son autoritarisme et le système qu’il défend, et qui va dans le mur en matraquant et en gazant.