Les tractations entre le PS et Europe Écologie-Les Verts (EÉ-LV) et leur issue nous éclairent sur la réalité des convictions écologistes du PS et de son candidat, François Hollande. Mais aussi sur l’orientation et la valeur de l’engagement écologiste d’EÉ-LV.Après plusieurs semaines de dramatisation et de rebondissements, les négociations entre le Parti socialiste (PS) et Europe Écologie-Les Verts (EÉ-LV) ont abouti à ce que les médias qualifient d’accord a minima. Finalement, le document adopté par les négociateurs – qui, ce week-end, sera soumis pour ratification au Conseil fédéral des écologistes – enregistre convergences et divergences. En l’absence de définition de toute procédure pour traiter ces divergences, on peut parier que, en cas de victoire électorale en 2012, c’est la position du partenaire le plus puissant et véritable vainqueur – le PS, en l’occurrence – qui sera mise en œuvre… Cet épisode agit comme un puissant révélateur.Sur quoi, en effet, portent les divergences ? Formellement, après des semaines de discussion, ne subsistent plus que deux points de litige : la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le chantier de l’EPR de Flamanville. Côté socialiste, la volonté affirmée et réaffirmée de mener à leur terme ces deux projets est assez facile à décrypter. Par les tonalités « écolos » de son discours, le PS poursuit un double objectif : créer les conditions d’un accord parlementaire et gouvernemental avec les Verts et, simultanément, capter directement à son propre profit les aspirations écologistes de l’électorat de gauche, quitte à empiéter sur les platebandes du parti qui se réclame de l’écologie politique.
Pour y parvenir, le PS est tout à fait prêt à multiplier les discours les plus audacieux sur ce thème… pour autant que ces discours n’aient aucune traduction concrète ! En effet, dès lors que sont en jeu les intérêts financiers des grandes multinationales, le PS rentre dans le rang. Pas question d’affronter véritablement les grandes entreprises des travaux publics, de l’aéronautique ou du nucléaire. Bien au contraire !
Ajoutons que, comme n’ont pas manqué de l’en féliciter aussi bien Jean-Pierre Chevènement que Michel Rocard, en résistant aux « ultimatums » des écologistes, François Hollande a acquis une « stature d’homme d’État ». D’un État au service des grands groupes capitalistes, évidemment...Sortir du nucléaire ? Oui mais des élus d’abordNégociations, dramatisation et, pour finir, accord a minima nous en apprennent aussi beaucoup sur EÉ-LV. Parce qu’enfin , si, au final, la discussion s’est polarisée sur Notre-Dame-des-Landes et sur Flamanville, c’est aussi parce que, dans la phase précédente des négociations, en échange de circonscriptions législatives« réservées », les écologistes avaient abandonné à peu près toutes leurs positions de principe ! À commencer par ce thème emblématique que constitue la sortie (programmée) du nucléaire…
Très rapidement, en effet, Europe Écologie-Les Verts a accepté que la sortie du nucléaire ne figure pas dans l’accord. Même sous forme d’engagement de principe, comme celui auquel Martine Aubry, candidate malheureuse de la primaire socialiste, semblait prête à souscrire. Quelques mois après Fukushima, on ne va quand même pas se fâcher pour si peu ! Dans la logique qui est la sienne, EÉ-LV souhaite disposer d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, ce que l’actuel scrutin – majoritaire à deux tours – ne lui permet pas d’envisager, sauf en cas d’accord de premier tour avec le PS.
Sans approuver cette démarche, on peut la comprendre. Pour autant que le compromis ne soit pas une capitulation sur l’essentiel... Or, la sortie du nucléaire et la mise en œuvre urgente de la transition énergétique constituent quand même le minimum syndical de tout combat écologiste un peu conséquent.
Par cet accord – qui, semble-t-il, laisse ouverte la participation (ou non) d’écologistes à un gouvernement PS, mais tranche la question de l’appartenance à la majorité parlementaire – on ne peut que constater que EÉ-LV a choisi de sacrifier l’essentiel de ses convictions dans l’espoir de quelques positions éligibles… François Coustal