Jeudi 3 septembre, le Premier ministre Castex annonçait un plan de relance de 100 milliards d’euros. Depuis, pas un jour ne passe sans que de nouveaux plans de licenciements soient annoncés. Et la liste des entreprises qui utilisent la crise sanitaire pour couper dans leurs effectifs n’en finit plus de s’allonger : Airbus, Figeac-Aéro, Stélia, Cargill, Renault, ADP, Nokia, Camaïeu… OuvrierEs, employéEs, ingénieurEs, tout le monde est aujourd’hui menacé de perdre son emploi !
Les 100 milliards mis sur la table par le gouvernement ne sont pas là pour « sauver » des emplois, augmenter les salaires ou développer les services publics. Ils se répartissent notamment entre des prêts avantageux faits aux entreprises garantis par l’État et des exonérations de charges. Ce plan de relance n’a en réalité qu’une fonction : maintenir les profits malgré la plus grave crise économique depuis 1929.
Macron et son gouvernement veulent nous faire croire qu’en faisant des cadeaux aux entrepreneurs, cela va relancer l’économie et, au total, profiter à toute la population. Mais c’est l’inverse qui va se passer. Les 100 milliards d’euros distribués le sont sans conditions, et les capitalistes vont donc se servir pour placer cette manne sur les marchés financiers tout en continuant à supprimer des emplois.
Rien pour l’hôpital public
La remontée du nombre de malades du coronavirus dans les hôpitaux laisse entrevoir la possibilité d’une seconde vague. Si nous n’en sommes qu’au début, on vient cependant d’apprendre qu’à Marseille les services de réanimation sont d’ores et déjà saturés. Il n’y aurait plus aucun lit disponible pour accueillir de nouveaux malades du Covid-19. L’étape d’après serait donc, comme au printemps dernier, de stopper tous les autres soins afin de libérer des lits. Mais en quoi est-il plus acceptable de laisser mourir des patientEs du cancer ou de maladie cardio-vasculaire plutôt que des patientEs atteints du coronavirus ?
Voilà huit mois que l’épidémie a commencé et le gouvernement n’a pas été capable de redresser le système de santé. Pourtant, les hospitalierEs et leurs organisations expliquent depuis le début ce qu’il faudrait faire : rouvrir l’ensemble des lits supprimés depuis 15 ans, embaucher 100 000 personnes, socialiser et planifier la production de respirateurs et d’anesthésiants... Pendant le pic de la pandémie, on nous expliquait que ce n’était pas possible dans l’urgence. Mais aujourd’hui, il est tout simplement criminel de ne rien faire en ce sens !
Les grosses ficelles sécuritaires et racistes
Gouvernement et capitalistes redoublent d’efforts pour nous culpabiliser face au probable retour de l’épidémie. Ce serait la faute aux jeunes qui feraient la fête, aux habitantEs des quartiers qui ne porteraient pas le masque, à ceux et celles qui autoriseraient leurs enfants à embrasser leurs grands-parents, aux syndicalistes qui organiseraient des manifestations… Pour nous, Macron et le Medef sont les uniques responsables de cette crise économique et sanitaire. Ils ont montré leur incapacité à organiser la société.
Nous ne sommes pas dupes de la grossière manœuvre consistant à vouloir placer « l’insécurité » et le « séparatisme » au centre du débat public. Castex, Darmanin et Schiappa redoublent d’efforts pour nous expliquer que « le » problème ne serait pas leurs politiques et l’avidité des grands patrons, mais la « délinquance » (quasi systématiquement reliée au « communautarisme »), et qu’il faudrait que nous nous unissions (avec eux) pour lutter contre ce mal absolu. En chasse sur les terres de l’extrême droite, le gouvernement a fait le choix de jouer la surenchère raciste et sécuritaire : nous ne devons pas nous laisser faire, et nous préparer à lutter touTEs ensemble contre la future loi « séparatisme » qui contribuera à stigmatiser et discriminer encore un peu plus les populations racisées.
Les mettre hors d’état de nuire
Face à ces attaques et ces manœuvres, c’est le moment pour les travailleurEs et la jeunesse de reprendre l’initiative et de se faire entendre. Cela pourrait commencer dans la rue, que ce soit ce samedi 12 septembre à l’appel des Gilets jaunes ou le jeudi 17 septembre à l’occasion de la journée de grève interprofessionnelle. Ces deux journées ne suffiront pas, mais elles peuvent être des points d’appui pour relancer la machine et construire la contre-offensive face à un gouvernement au service d’un système qui a montré une fois de plus, avec la crise du Covid, son incapacité à répondre aux besoins du plus grand nombre.
C’est à nous de prendre les commandes de la société. Une organisation sur les lieux de travail qui garantisse la sécurité et la protection de touTEs, la réduction du temps de travail, le développement des services publics dont celui en particulier de la santé, la satisfaction des besoins sociaux et non de l’appétit des actionnaires : nous ne l’obtiendrons qu’en mettant hors d’état de nuire les capitalistes et les politiciens à leur service.