Publié le Mercredi 6 janvier 2010 à 18h37.

Voeux de Sarkozy : cynisme et provocations

Lors de ses vœux pour 2010, Sarkozy a affiché une sollicitude pleine d’hypocrisie pour ceux qui souffrent de la situation économique. Mais ce sont de nouvelles attaques contre les droits sociaux et démocratiques de la population qu’il prépare pour continuer à servir les responsables et profiteurs de la crise."L’année qui s’achève a été difficile pour tous. » C’est par ce mensonge, incroyable de cynisme que Sarkozy a introduit ses vœux pour 2010, le soir du 31 décembre. Au même moment, on sablait le champagne à la Bourse de Paris où le CAC 40 a gagné plus de 22 % en un an, un record depuis 2005. Les actions du secteur qui a le plus licencié et mis au chômage partiel ses salariés, celui de l’automobile équipementiers compris, affichent un bond annuel de 75 %, avec en particulier, pour Renault et Peugeot, une hausse de 95 %. Quant à celles des banques qui ont bénéficié à plein des largesses de l’État au plus fort de la crise, elles engrange une hausse de 70 % sur un an. Autant dire que la sollicitude de Sarkozy pour, selon ses mots, « ceux qui ont perdu leur emploi » n’est pas seulement hypocrite, c’est une véritable provocation. En effet, toute son action et celle de son gouvernement ont été consacrées à permettre aux responsables de la crise de continuer à faire d’insolents bénéfices en licenciant des centaines de milliers de travailleurs et en réduisant le salaire, par le chômage partiel, de centaines de milliers d’autres. Une politique qui, loin d’« éviter le pire », comme s’en est vanté Sarkozy, n’a fait que préparer une nouvelle aggravation de la crise !Mensonges et autosatisfaction ! Feignant d’ignorer la chute de sa cote de popularité, en deçà des 40 %, ainsi que les revers subis par son gouvernement au cours de ces dernières semaines, comme, en particulier, le rejet par le Conseil constitutionnel de la taxe carbone qui aurait dû entrer en vigueur le 1er janvier, Sarkozy s’est félicité sans la moindre retenue des réformes « accomplies ». Il a prétendu sans rire que « des problèmes qui paraissaient insolubles, comme les bonus extravagants ou les paradis fiscaux, [étaient] en voie d’être résolus » et que le sommet de Copenhague, un échec de l’aveu de tout le monde, était un succès. Il a égrené les atteintes aux droits démocratiques et sociaux qu’il a réussi à imposer dans tous les domaines (suppression de la taxe professionnelle, réforme du lycée, autonomie des universités, RSA, casse du système hospitalier, réforme de la justice…) comme autant de succès. Mais s’il a évité d’en citer les bénéficiaires, le Medef, tout en rendant hommage au « grand sens des responsabilités » des « partenaires sociaux », dont font partie avec celui-ci les directions des confédérations syndicales, il a, en revanche, attaqué à mots couverts ceux qui s’opposent à cette régression sociale et qui représenteraient, selon lui, « l’immobilisme ». Attaques contre les retraites, réforme territoriale, coupes claires dans les dépenses de l’État utiles à la population sont au menu de son année 2010. Voilà pourquoi Sarkozy veut une « France rassemblée », voilà pourquoi il a longuement insisté sur son souhait de nous voir « rester unis », adressant ses vœux, en particulier, « à nos soldats, séparés de leur famille qui risquent leur vie pour défendre nos valeurs et garantir notre sécurité ». Façon hypocrite de justifier la sale guerre de la France en Afghanistan ! Eh bien, ce sera sans nous et sans des millions d’autres, travailleurs, jeunes, chômeurs, toutes celles et ceux qui – et c’est ce que nous souhaitons pour l’année 2010 – vont reprendre confiance dans leur force collective et affirmer avec force les droits du plus grand nombre contre l’arrogance insolente des classes privilégiées et de leurs mandataires ! Galia Trépère