Publié le Jeudi 10 décembre 2015 à 07h32.

AP-HP : Pour l’intersyndicale, un pas en avant, deux pas en arrière !

Face à l’instauration de l’état d’urgence, l’intersyndicale emmenée par SUD et la CGT exigeait du directeur général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris un moratoire sur la mise en œuvre du protocole qu’il a signé avec la CFDT, syndicat minoritaire...

Ce protocole est combattu depuis le mois de mai dernier par des dizaines de milliers d’hospitalierEs qui ont fait grève et ont marché vers le ministère de la Santé et l’Élysée. En septembre encore, plusieurs milliers d’entre eux/elles bloquaient le centre de Paris, installant rue de Rivoli un  hôpital de campagne quand d’autres allaient jusqu’à Opéra faire entendre leurs revendications.

Dans le même temps, l’intersyndicale acceptait l’interdiction de la manifestation prévue le 17 novembre. Profitant de la situation, Hirsch convoque les instances représentatives du personnel dès la semaine suivante. L’occasion est saisie par l’intersyndicale de renouveler ses exigences en envahissant la salle de réunion, l’obligeant à un nouveau report. L’intersyndicale dénonce le cynisme du patron de l’AP-HP, alors que libertés publiques et syndicales sont muselées depuis l’annonce de l’état d’urgence, au lendemain de la tragédie du 13 novembre.

Le 30 novembre, Hirsch ne s’oppose pas à la demande des représentantEs du personnel au CHSCT central d’une expertise indépendante pour évaluer l’impact de sa réforme sur les conditions de travail des agents de l’institution. Mais il est pris au dépourvu, lorsque les membres du CHSCT, rejoints par les éluEs du personnel, décident d’occuper les lieux et de n’en sortir qu’après l’engagement écrit du directeur général d’en suspendre la mise en œuvre. Le jour même, les syndicalistes adressent un courrier à Hollande, pour lui rappeler la qualité et la force du service public, notamment hospitalier, dans la prise en charge des victimes des attentats du 13 novembre, et exiger que toute politique austéritaire soit abandonnée. Et au-delà, que les belles paroles de reconnaissance de Hollande se traduisent en moyens budgétaires et en embauches à la hauteur des besoins de la population.

Suspension... de l’occupation

Le 1er décembre au matin, après une nuit d’occupation, Hirsch s’engage à ce que l’application de sa réforme n’intervienne qu’à l’issue de la consultation des instances représentatives du personnel, au retour d’expertise, et qu’il reporte de fait sa mise en œuvre au niveau local. Pour autant, la « suspension de la réforme (…) pour toute la durée de l’état d’urgence » reste au centre de la mobilisation des occupantEs qui vont passer une seconde nuit au siège de l’AP-HP. L’intersyndicale a repris la main, Hirsch est coincé.

Mais le mercredi 2 décembre en fin de matinée, SUD et CGT s’accordent pour mettre fin à l’occupation du siège de l’AP-HP et présentent comme une première victoire le respect par Hirsch des procédures réglementaires liées à la mise en œuvre de l’expertise demandée par Le CHSCT central. Ce revirement témoigne du refus d’aller à la confrontation avec la direction de l’AP-HP, et derrière elle avec le gouvernement.

Ce positionnement n’est pas nouveau de la part des directions de ces organisations, et on peut penser qu’il s’est renforcé à la veille des élections régionales, avec la présence sur la liste du Front de gauche de responsables syndicaux impliqués dans cette mobilisation. Une liste « sans compromis qui revendique son indépendance totale du PS » telle qu’elle se définit... mais pour affirmer aussitôt qu’« elle devra sans doute s’allier avec le parti du gouvernement au second tour pour tenter de conserver la région ».

Preuve est faite encore une fois que les hospitalierEs, comme tous les salariéEs, ne peuvent compter que sur leurs propres forces pour mettre en échec la politique de Hirsch et de ce gouvernement.

CorrespondantEs