Publié le Mardi 3 décembre 2019 à 09h49.

Belfort : l’austérité dans la santé tue

Il y a deux mois, à côté de Belfort, une femme de 62 ans est décédée d’un infarctus après avoir appelé à cinq reprises le 15. Les secours ne sont pas arrivés à temps. 

Ce décès est aussi médiatisé que celui d’une jeune Strasbourgeoise, en décembre 2017, qui avait elle aussi appelé le 15 sans que la gravité de son état ait été correctement évaluée.

Ce qui est mis en avant par les médias, c’est toujours le fonctionnement de la régulation du service des urgences, voire l’incompétence du personnel qui répond au téléphone. Ce tragique événement mérite donc une petite mise au point.

Sous-effectifs et surmenage

Depuis 2015, il n’y a plus de centre d’appel à Belfort-Montbéliard. Tous les appels parviennent à Besançon, à près de 100 km de là. Quand on appelle le 15, c’est unE assistantE de régulation médicale (ARM), qui n’est pas médecin, qui décroche. Il ou elle ne prend aucune décision, mais fait une fiche de renseignements et oriente l’appel vers unE médecin régulateur. C’est ce médecin qui décide de la conduite à tenir et déclenche les secours les mieux adaptés.

Le problème, c’est que la Franche-Comté est une région test en la matière. C’est la première région qui a vu ses services départementaux de régulation fusionner entre 2005 et 2015. L’Agence régionale de santé (ARS) prétend que c’est pour améliorer la qualité de la régulation…

Le personnel des urgences, en grève actuellement depuis 7 mois, dénonce de son côté la dégradation de la situation en régulation, plus particulièrement depuis la fermeture du service de régulation de Belfort en 2015 où il y avait 9 opérateurEs sur place. Depuis novembre 2015, la régulation du territoire de Belfort a été déplacée vers le SAMU de Besançon… Sans les 9 postes ! 

Le personnel est actuellement en sous-effectif. CertainEs font, en ce moment, des semaines de plus de cinquante heures. Les heures supplémentaires se multiplient, ainsi que les arrêts maladie. Certaines nuits, seuls deux médecins se relaient pour réguler. Dans ces conditions de stress et d’épuisement professionnel, il n’est pas étonnant que des dysfonctionnements puissent se produire.

Ce sont toujours les exécutantEs qui sont uniquement montrés du doigt, en l’occurrence les ARM et les médecins. Mais les vrais responsables de cette situation sont le gouvernement et les ARS, qui sont mis face à leurs responsabilités.

L’austérité dans les services publics (université, transports, santé…) a un coût, qui peut être celui de la vie. Ce système est criminel, et c’est aussi pour cela que les urgentistes de Besançon, comme de tout le pays, sont en grève depuis des mois.

CorrespondantEs