Une centaine de syndicalistes, représentant 43 établissements, se sont retrouvés à Caen pour faire le point sur la situation dans les hôpitaux. Une même volonté de lutte s’est exprimée pour mettre en échec la casse organisée des établissements publics.
L’appel à une réunion nationale des hôpitaux est parti de l’Établissement public de santé mentale de Caen. Par deux fois, en 2013, l’EPSM de Caen s’est mobilisé contre le plan de « redressement financier » de la direction, un plan qui accumulait des mesures brutales contre les salariés : fermeture ou restructuration de services, suppression de jours de RTT... De plus, de nombreux établissements entraient à leur tour en lutte contre les attaques de directions de plus en plus agressives. Voilà pourquoi les syndicats CGT et SUD de l’hôpital ont fait circuler dans tous les hôpitaux un appel à une réunion nationale : « Partout les hôpitaux souffrent des mêmes maux, les difficultés financières, et les directions imposent les mêmes remèdes : suppression de RTT, suppression d’emplois, fermetures de lits. (...) Aujourd’hui, l’heure n’est plus seulement à la contestation hôpital par hôpital (...) mais bien de donner une réponse nationale à un problème national » et de mettre la question de la santé dans le débat public.
Partout les mêmes attaquesL’appel a rencontré un écho important. Vendredi 4 avril, une centaine de représentantEs se sont donc retrouvés à Caen, essentiellement des équipes CGT et SUD. Des représentantEs des fédérations SUD Santé Sociaux et CGT Santé et Action Sociale avaient également fait le déplacement. Hôpitaux généraux et établissements psychiatriques étaient représentés à égalité, venus d’un peu partout en France : les hôpitaux de la région bien sûr, mais aussi Toulouse, Rennes, Perpignan, Angers, Paris, Quimper, Besançon... Un dizaine d’établissements qui ne pouvaient pas se déplacer avaient envoyé un message de soutien. Un succès !Les témoignages se sont succédés pour montrer combien la situation est catastrophique. Partout les suppressions de postes, les fermetures de services, les mêmes attaques contre les droits. Comme à Toulouse, des hôpitaux s’endettent auprès des banques privées pour boucler leur budget, à des taux dépassant 3 %, 5 %, voire plus. Et les intérêts payés chaque année égalent le déficit ! Les personnels n’en peuvent plus mais les directeurs des hôpitaux continuent avec un cynisme inégalé, comme celui à Rennes qui interpelle ainsi les syndicats de son établissement : « Il y a encore du muscle, on verra quand on arrivera à l’os ». Des directions de combat !Plusieurs intervenants ont souligné que le « dialogue social » ne mène à rien. « Dans les instances, on proteste mais on ne nous écoute pas » dit un représentant d’un hôpital, et son voisin enchaîne ainsi : « c’est un rapport de forces national qu’il faut créer maintenant, en se coordonnant et en agissant ensemble ». « Avec les usagers », complète une syndicaliste de l’hôpital de Quimper. D’autant que le contexte politique y oblige. Le gouvernement est un « gouvernement de combat » qui va mettre en place le Pacte de responsabilité. Ce Pacte passe par 50 milliards d’économies dans les dépenses publiques, dont entre 5 et 10 milliards dans la santé.
Se coordonner et préparer une riposte nationaleL’assemblée s’est mise d’accord pour proposer une deuxième réunion nationale, à Paris cette fois, pour élargir et renforcer le mouvement. Ce sera le 22 mai à l’Hôtel-Dieu. Les délégués ont adopté un appel rappelant les revendications : « L’assemblée générale exige l’annulation de la dette, l’abrogation de la loi HPST, la suppression de la Tarification à l’activité, l’augmentation des salaires, la titularisation des contractuels, l’embauche des personnels... ». L’appel se conclut par l’invitation à préparer une mobilisation nationale pour mettre en échec la politique d’austérité dans la santé. L’exemple de la « Marée blanche » des personnels de santé dans l’État espagnol a été cité. Une mobilisation exceptionnelle qui a gagné sur plusieurs points.Cette réunion nationale a donc été très fructueuse. Les représentants des hôpitaux en sont repartis plus que jamais déterminés à construire cette indispensable et forte mobilisation. Sans doute un exemple à suivre dans d’autres branches, dans le secteur public mais aussi dans le privé, pour construire le « tous ensemble », seul capable de mettre en échec l’austérité.
Correspondants