« Carhaix, Carhaix, Résistance ! ». Depuis le 14 mai, entre 100 et 200 personnes lancent ce cri quasi quotidiennement devant le commissariat de Quimper (Finistère). Ce sont à nouveau les défenseurEs des urgences de l’hôpital de Carhaix qui battent le pavé quimpérois.
Ils et elles sont doublement en colère. D’une part, le protocole pour la réouverture des urgences de leur hôpital du Kreiz Breizh (Centre Bretagne) — signé le 27 octobre par l’Agence régionale de santé (ARS), le département et la préfecture — n’a toujours pas vu la moindre mise en œuvre. D’autre part, et c’est le motif de leurs rassemblements devant le commissariat, les mêmes qui avaient signé le protocole ont porté plainte pour séquestration et violence en réunion, à la suite de l’occupation des locaux de l’ARS à Quimper le 14 septembre 2023. Une dizaine de personnes (il semble que la liste pourrait s’allonger) dont le porte-parole du comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix Matthieu Guillemot, des militantEs syndicalistes (six de la CGT et trois de la CFDT) ont ainsi été convoquéEs à partir du 14 mai pour être entenduEs sous le régime de la garde à vue.
Mobilisation contre la répression
Mardi 14, c’est notre camarade Matthieu Guillemot qui « ouvrait le bal ». Pour l’accompagner, quelque 200 personnes, pour une part venues en car depuis Carhaix, des militantEs syndicaux (CGT, CFDT, Sud Santé Sociaux/Solidaires), des militantEs du Comité de défense des hôpitaux de proximité, et des éluEs et responsables politiques. Parmi lesquels Christian Troadec, maire de Carhaix, Mélanie Thomin, députée socialiste du Finistère et Philippe Poutou. En termes d’organisations politiques, hors quelques drapeaux de l’UDB, le NPA-l’Anticapitaliste semblait être le seul à avoir appelé largement au rassemblement.
Au sortir de son audition, et après un passage par la case cellule, Matthieu Guillemot a réaffirmé que « le 14 septembre dernier, il n’y a pas eu de violence ni de dégradation dans le bâtiment de l’ARS. À Carhaix, nous avons l’habitude de nous battre et nos méthodes sont connues : la détermination et la non-violence », et que son audition, comme celles à venir des neuf autres militantEs, participait d’une tentative de « criminalisation des mouvements sociaux et syndicaux ».
Faisant référence à la condamnation pour apologie du terrorisme à l’encontre de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT du Nord, ou à la plainte pour « diffamation et injures publiques » de Darmanin contre le militant de Sud Éducation du Finistère, Olivier Cuzon, Philippe Poutou a dénoncé une « répression du mouvement social et militant qui se généralise. Dès qu’on milite, qu’on conteste, qu’on est en opposition au pouvoir ou que l’on défend les services publics, on est menacé et entravé par des convocations policières, par des menaces judiciaires ».
La lutte continue
Loin de se laisser intimider, chaque jour donc et jusqu’au 28 mai les manifestantEs continueront de soutenir Matthieu, Cathy, Sandrine, Rachel, Andréa, David, Caroline, Thomas, Bahar et Stéphanie, leurs camarades de lutte pour les urgences de l’hôpital de Carhaix. Ainsi, la CFDT, la CGT et SUD Santé Sociaux du CHRU de Brest/Carhaix ainsi que leurs unions syndicales départementales appellent respectivement à faire du 21 et du 22 mai (dates auxquelles ce sont leurs militantEs qui passent en audition au commissariat de Quimper) de belles journées de mobilisation contre la répression et la judiciarisation de la lutte. À la fin du mois, nul doute que panneaux et poteaux seront recouverts de l’autocollant « Karaez Rezistañs ! ».