Dix jours de grève !
« On est pas fatigués » scandent avec détermination les grévistes qui se battent plus que jamais pour + 10 % de la valeur du point.700 à 800 grévistes se sont donnés rendez vous à l’Hôtel de région pour réveiller les politiques comme dit Didier, pas convaincu que ce soit un bon choix.
L’ambiance est à la fête. On lit sur les visages jubilatoires la satisfaction d’être ensemble, tous réunis dans cette lutte radicale qui a plus que surpris les dirigeants des groupes financiers qui pensaient pouvoir continuer à se goinfrer de profits en toute quiétude en continuant de traiter le personnel comme de la piétaille. Ainsi, Isabelle, infirmière psychiatrique à Saint-Martin-de-Vignogoule touche avec 80 % d’activité 1200 € net/mois. La grève fait boule de neige, une clinique du Gard vient de rentrer dans la danse. Ce qui porte à dix le nombre de cliniques touchées par le mouvement. On mange, on rigole, on discute. Les délégués ressortent. La région a fait pression pour que le préfet les reçoive à 15 heures.
Sur la place de la préfecture, l’ambiance est encore plus festive. Une farandole déambule au rythme du djembé. La sono de la CGT, le seul syndicat qui mène la danse, crachera même l’Internationale… Tous et toutes scandent : « Si tu veux des salariés, il faut payer ! » Mais, discrètement, une gréviste pleure parce qu’elle est réquisitionnée, vite réconfortée par ses camarades. Les terrasses des cafés sont prises d’assaut et sous les platanes, pendant que les délégués sont reçus, les discussions vont bon train. Certains en profitent pour faire connaissance « C’est chouette, à la clinique on se connaissait pas… » Et pourquoi pas en profiter pour discuter de la suite dit Fabien. Bonne question. « On nous promène, on nous enfume, ils veulent jouer le pourrissement. » Se pose pour certains, la question de la prise en charge de la grève : comment l’élargir, l’étendre au niveau national, la rendre populaire ? En organisant un meeting central dit l’un. Aller contacter les commerçants et leurs demander des bons de solidarité dit l’autre. Peut-être envoyer quelqu'un à la réunion de ce soir salle Nogaret avec les Amis du Monde diplomatique pour collecter de l’argent. Il est vrai qu'hier soir, au meeting unitaire sur les retraites dans cette même salle à la demande d’un camarade qui a lancé un appel à la solidarité avec les grévistes, plus de 500 € ont été collectés. Certains, proposent de rédiger des tracts et d’arroser la ville, le CHU, et les boîtes importantes de la ville. La clinique de Saint-Martin-de-Vignogoule fait circuler un texte qui reçoit l’assentiment de tous. Ce texte dénonce les attaques du PDG Ponseillé qui accuse les grévistes de prendre les patients en otages. « Qu’est-ce qui peut lui faire plus peur, à lui et aux patrons des autres groupes, que de voir la population se rendre compte concrètement ce dont est fait notre quotidien, de nos salaires et de leurs profits ? Qu’est-ce qui peut lui faire plus peur que des gens qui se solidarisent avec notre action lors de réunions publiques ? Et le texte de proposer la constitution d’un comité de soutien qui appellerait les organisations politiques et syndicales « à nous aider à organiser autour de la question de la santé privée un grand meeting montpelliérain (…) Nous ne plierons pas au moment où d’autres établissements dans d’autres régions (Le Havre, Nancy, Le Mans) se mettent à bouger. Nous ne sommes pas les seuls à trouver que nos conditions de vie et de travail sont insupportables : les Conti, Ikea ont su nous montrer la voie. Osons prendre la parole et expliquer à nos concitoyens que nous aussi avons droit au respect dans le travail, que nous avons droit à des conditions de vie décentes et dignes, que notre travail est digne et que notre salaire mérite de l’être aussi. »
La délégation ressort de la préfecture. Un médiateur a été proposé : Henri Pujol. Rien à foutre dit une gréviste, nos médiateurs, c’est vous ! Pujol ce ponte médical !
Les discussions entre grévistes se sont animées et demain une assemblée générale est prévue à 9h30 à la clinique du millénaire.
William Salhen