En juillet dernier, la ministre de la Santé Marisol Touraine annonçait sa volonté de « décaler » la fermeture de l’Hôtel-Dieu, pour « ne prendre aucun risque sur la prise en charge des urgences à Paris au début de l’hiver prochain » (et sur les municipales de 2014 ?). Cette fermeture, la direction de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a pourtant décidé de l’imposer et de l’accélérer.
Cela se passe dans le silence assourdissant de madame la ministre, et alors que l’occupation de plusieurs semaines d’une aile de l’hôpital par les opposants à la fermeture a reçu de nombreux soutiens… et plongé dans un embarras hypocrite les socialistes parisiens. Le jeudi 31 octobre, la direction a même tenté un coup de force en essayant de faire déménager les lits des urgences. C’était anticiper sur son rêve, car la direction souhaite créer un « hôpital debout », c’est-à-dire sans lits ! Alertés, des personnels, la CGT de l’hôpital et des soutiens extérieurs, dont des militants du NPA et du Front de gauche, ont réussi in extremis à empêcher l’opération, digne de ces patrons-voyous qui évacuent la nuit les machines de leurs usines pour mettre les ouvriers sur le carreau.
Une politique criminelleMais la fermeture est bel et bien en marche. Le personnel est muté autoritairement vers d’autres établissements. La direction de l’AP-HP a donné consigne à tous les ambulanciers et aux pompiers de dérouter les malades vers les urgences des autres hôpitaux parisiens, pourtant déjà complètement saturées, avec des attentes de plusieurs heures et des personnels sous pression permanente. Le vendredi 1er novembre, des personnels, dont l’ancien chef du service débarqué cet été pour sa résistance à la fermeture, le docteur Kierzek, des membres du comité de soutien, dont une dizaine du NPA, ont manifesté pour dénoncer cette politique de fermeture criminelle. Ils ont porté jusqu’au Panthéon le « cercueil de la première victime de la saturation des urgences des hôpitaux de Paris », victime de la politique criminelle du gouvernement. Tout un symbole : le gouvernement crée un « désert médical » en plein cœur de Paris, alors que dans toute la France, maternités, hôpitaux, centre IVG, centres de soin subissent des restructurations brutales. Il est temps d’unifier les résistances, pourquoi pas par une grande manifestation commune de tous les établissements fermés ou restructurés ?
Yann Cézard