Publié le Mercredi 5 décembre 2018 à 12h59.

Implants médicaux : un nouveau scandale sanitaire mondial

L’enquête du consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), menée pendant un an par 250 journalistes de 36 pays, révèle un nouveau scandale sanitaire mondial. On parle de pas moins de 80 000 mortEs et 1,7 million de blesséEs en 10 ans… rien qu’aux USA.

Les chiffres des accidents et des mortEs en France resteront inconnus… faute de recueil fiable de données. Une opacité qui ne doit rien au hasard, tant la traçabilité de ces dispositifs a été négligée, voire refusée par les gouvernements, alors qu’une simple pièce de boucherie doit avoir son code barre ! 

Secret des affaires

Impossible de savoir qui sont les 30 000 femmes qui en France se sont fait poser des prothèses PIP, avec leurs fuites et leur gel de silicone trafiqué, responsable d’inflammations ou de cancer du sein. Faute de vigilance des autorités de santé, c’est la détermination des femmes du réseau RESIST qui imposera en 2017 le retrait du marché des implants contraceptifs intra-tubaires Essure de Bayer, pour douleurs musculaires et articulaires, allergies, dépression. Dans la plupart des pays européens, secret des affaires oblige, les déclarations sur les accidents sont confidentielles, et même parfois inexistantes. L’enquête de l’ICIJ révèle une augmentation de ces incidents, notamment pour les pompes à insuline et les appareils de dialyse à domicile, et même un doublement en France en dix ans. 

Certifications achetées

Le point de départ de l’enquête, un simple filet de mandarines, déclaré comme implant vaginal par une journaliste néerlandaise… Et qui obtient sa certification européenne ! C’est que les implants médicaux (prothèses mammaires, stents, implants contraceptifs, pacemaker…) n’ont pas besoin d’autorisation de mise sur le marché, avec les dossiers de recherche clinique qui vont avec. Une simple certification, donnée par des entreprises privées habilitées par l’Agence du médicament, suffit à obtenir cette certification CE valable pour toute l’Union européenne. C’est le fabricant qui choisit et qui paie l’organisme de certification de son choix. Un système réglementaire défectueux par nature, confié à des sociétés privées, concurrentes, choisies et payées par les industriels…

Pour une traçabilité complète

Pour stopper le scandale, il faut la traçabilité complète des implants médicaux. La déclarations des incidents sur une base de données, accessible au public, doit être une obligation légale, enseignée dans les facultés de médecine et susceptible de poursuite si elle est ignorée, comme c’est trop souvent le cas. Une disposition envisagée, puis abandonnée sous la pressions des États européens ! Parce que les dispositifs médicaux doivent sauver des vies, et pas les profits des firmes, ils doivent être soumis à une autorisation de mise sur le marché, comme les médicaments. Et la balance bénéfices-risque de ces produits parfois vitaux doit être déterminée par des agences publiques indépendantes, sous le contrôle des professionnels, des associations et des usagerEs.

Frank Cantaloup