L’édition 2015 du rapport sur l’état de santé de la population en France aborde notamment le rôle des inégalités sociales dans les différences sur le plan de la santé...
La synthèse du rapport précise d’emblée : « À âge et à sexe égal, l’existence et l’importance des problèmes de santé sont d’abord liées à la position sociale et au niveau d’études ». Tous les indicateurs vont dans ce sens. Ce sont souvent les mêmes populations qui cumulent les expositions aux différents facteurs de risque pour la santé, que ce soit dans l’environnement professionnel (exposition au travail physiquement pénible, au travail de nuit, aux produits toxiques, etc.) ou dans le cadre de vie (bruit, mauvaise qualité de l’air ou de l’eau, etc.).
Ce sont elles aussi qui ont le moins souvent recours à la prévention. Des raisons financières peuvent l’expliquer, en matière dentaire par exemple : les enfants d’ouvriers, de même que les enfants scolarisés en zone d’éducation prioritaire (ZEP) ou en zone rurale, ont un état de santé bucco-dentaire plus mauvais que les autres enfants. Pour des raisons diverses, on note également plus souvent des comportements défavorables à la santé, notamment en matière de nutrition et d’activité physique.
Les inégalités sociales de mortalité sont importantes : l’écart d’espérance de vie à 35 ans entre cadres et ouvriers est de 6,3 ans pour les hommes et de 3 ans pour les femmes. De manière générale, plus l’espérance de vie est courte, plus les années de vie avec des incapacités sont nombreuses. Les différences sociales d’espérance de vie sans incapacité témoignent d’un effet de long terme de la catégorie socioprofessionnelle et des conditions de vie qui lui sont associées.
Ces questions devraient être au centre des politiques de santé... mais ce n’est pas dans ce cadre que raisonnent aujourd’hui les gouvernements qui passent les dépenses de santé à la moulinette de l’austérité.